Grand chef Crawfoot
Crowfoot OU ISAPO-MUXIKA
né (vers 1830-25 avril 1890), Pied-de-corbeau en français ou Isapo-Muxika (Issapóómahksika en pied-noir, signifiant « Grand pied des Corbeaux»), était un chef de la nation siksika au Canada. Il est né au sein des Kainais, mais sa mère se remaria avec un Siksika suite au décès de son père lorsqu'il n'était âgé que de cinq ans. Son frère de lait, Three Bulls ou No-okska-stumik, pris sa place en tant que chef après son décès au printemps 1890.
Biographie Isapo-Muxika est né vers 1830 au sein de la nation kainai (les Gens-du-Sang ou Blood Indians) près de la rivière Belly dans le Sud de l'actuelle Alberta. fils d’Indiens de la tribu des Gens-du-Sang, Istowun-eh’pata (Packs a Knife) et Axkyahp-say-pi (Attacked Toward Home), décédé le 25 avril 1890 près de Blackfoot Crossing, Alberta.
Une fois adulte, Isapo-Muxika délaissa la guerre pour s'adonner à l'élevage des chevaux. En 1865, à la mort du chef de sa bande,No-okskatos (Three Suns), il devint un chef mineur au sein de la tribu et dirigeait une bande d'une vingtaine de huttes. Sa bande fut d'abord connue sous le nom de Grosses-Pipes (Big Pipes), mais fut renommée Mocassins. Isapo-Muxika se forgea une bonne réputation auprès des Blancs et des Métis allant jusqu'à leur porter assistance et à convaincre le reste de sa tribu de ne pas attaquer leurs convois. En 1865 également, Pied de Corbeau se fit connaître de la population blanche locale par son intervention spectaculaire dans la bataille qui eut lieu à Three Ponds, juste à l’est de l’actuel village de Hobbema, en Alberta. Le père Albert Lacombe, missionnaire oblat, visitait un camp établi à cet endroit par des Pieds-Noirs lorsque ceux-ci furent attaqués par des Cris. Même s’ils étaient bien inférieurs en nombre et perdaient des hommes, les Pieds-Noirs résistèrent aux assaillants durant plusieurs heures, en pleine nuit. Juste avant l’aube, le père Lacombe tenta de s’avancer entre les lignes afin de proposer une trêve ; les Cris ne le reconnurent pas et il fut blessé d’une balle qui l’atteignit par ricochet. Au moment où la bataille semblait perdue, Pied de Corbeau arriva avec de nombreux guerriers et l’ennemi fut bientôt mis en déroute. Durant les années 1870, des trafiquants américains, qui vendaient aux Indiens du whisky et des fusils à répétition, envahirent l’Ouest canadien. Les Indiens moururent par centaines à cause des boissons alcooliques et des guerres intertribales qu’elles précipitaient. Lorsqu’il apprit, en 1874, qu’un corps de police en voie de formation, la Police à cheval du Nord-Ouest, allait bientôt parcourir ses territoires de chasse, Pied de Corbeau se réjouit de la venue de cette troupe qui constituait, à ses yeux, la solution à ce grave problème. Il dit au révérend John Chantler McDougall: En 1873, Isapo-Muxika perdit son fils aîné lors d'un raid contre les Cris. Il lança une importante offensive contre les Cris au cours de laquelle un guerrier cri fut tué. Il s'agit là du dernier exploit de guerre d'Isapo-Muxikaqui fit la paix avec les Cris par la suite. Il rencontra d'ailleurs un Cri, Pitikwahanapiwiyin (Pītikwahanapiwīyin en cri ou Poundmaker), qui ressemblait à son fils ; il décida de l'adopter et lui donna le nom de Makoyi-koh-kin (Wolf Thin Legs). Ce dernier devint plus tard chef de sa nation.
En décembre 1874, Pied de Corbeau fit la connaissance de James Farquharson Macleod, commissaire adjoint de la Police à cheval du Nord-Ouest, et les deux hommes se lièrent d’amitié. Grâce à eux, dans une large mesure, les Blancs purent s’établir sans violence sur le territoire des Pieds-Noirs. Macleod insista pour que l’on respecte les droits des Pieds-Noirs et, d’autre part, Pied de Corbeau incita les siens à entretenir des relations amicales avec les policiers. Ceux-ci considéraient Pied de Corbeau comme le leader de toute la nation des Pieds-Noirs bien qu’il ne fût, à la vérité, qu’un des deux principaux chefs de la tribu des Pieds-Noirs. En fait, les Gens-du-Sang étaient plus nombreux que les Pieds-Noirs et chacune des trois tribus de la confédération avait ses propres chefs ; toutefois, la confusion qui régnait entre les termes « tribu » et « nation » des Pieds-Noirs – cette dernière comprenant les tribus des Gens-du-Sang, des Piegans et des Pieds-Noirs, ainsi que les tribus alliées des Sarcis et des Gros-Ventres-et l’impressionnante activité que Pied de Corbeau déployait dans les domaines de la diplomatie et de la politique avaient comme résultat que les Blancs lui accordaient souvent une place qu’il n’occupait pas en réalité. En de telles circonstances, Pied de Corbeau avait soin, quant à lui, de prendre l’avis des autres chefs. En 1876, tandis que des guerres faisaient rage aux États-Unis entre les Indiens des Plaines et la cavalerie américaine, un messager de la tribu des Sioux se présenta au camp de Pied de Corbeau pour demander aux Pieds-Noirs de prendre part à la lutte ; il affirmait qu’après avoir défait les Américains, les Sioux allaient aider les Pieds-Noirs à détruire la Police à cheval du Nord-Ouest. Non seulement Pied de Corbeau rejeta-t-il cette proposition, mais encore il déclara qu’il entendait se joindre au corps de police et combattre les Sioux si ces derniers s’aventuraient au nord. (On rapporta la décision de Pied de Corbeau à Ottawa et, par la suite, en Angleterre où la reine Victoria rendit hommage au chef pour sa loyauté.) Un peu plus tard, lorsque les Sioux s’enfuirent au Canada après la bataille de la rivière Little Bighorn (Montana), Pied de Corbeau comprit qu’ils venaient en qualité de réfugiés. Il rencontra le chef Sitting Bull [Ta-tanka I-yotank] pendant son exil au Canada et, lorsqu’il apprit que sa tribu cherchait à faire la paix avec les Pieds-Noirs, il fut heureux d’accepter le tabac que le chef lui offrait. Vivement impressionné, le grand leader sioux donna à son fils le nom de Crowfoot.
En 1877, David Laird, nouveau lieutenant-gouverneur des Territoires du Nord-Ouest, invita les tribus des Pieds-Noirs, des Gens-du-Sang, des Piegans, des Sarcis et des Stonies à négocier le traité no 7 avec le gouvernement canadien. L’invitation s’adressait notamment aux tribus habitant la partie méridionale de l’actuelle Alberta, au sud de la rivière Red Deer ; le traité était le dernier qui devait être négocié par les autorités canadiennes, au cours de cette décennie, dans le cadre d’un programme visant à obtenir l’abandon par les Indiens de tous leurs droits sur les Prairies de l’Ouest du Canada. Une dispute éclata dès le début à propos de l’endroit où devaient se dérouler les pourparlers : les Gens-du-Sang et les Piegans préféraient le fort Macleod (Fort Macleod),
tandis que Pied de Corbeau favorisait Blackfoot Crossing, qui se trouvait au milieu de son domaine et loin de tous les forts des Blancs.
Le gouvernement accéda à la demande de Pied de Corbeau, mais les principaux chefs des Gens-du-Sang et des Piegans menacèrent de ne pas prendre part à la rencontre. Lorsque les négociations commencèrent, le 16 septembre, Pied de Corbeau était le principal chef présent et il mena les discussions pendant les quatre jours qui suivirent. Les Gens-du-Sang et les Piegans arrivèrent enfin et tinrent une réunion qui dura toute une nuit avec Pied de Corbeau pour qu’il leur donne sa version du traité et ses recommandations. À l’aube, tous les principaux chefs avaient accepté les conditions du traité ; vu que Pied de Corbeau avait dirigé les négociations et qu’il s’était montré favorable au pacte, on le chargea de parler au nom de toute la nation des Pieds-Noirs : Peu après la signature du traité, un grand nombre d’Indiens se mirent à douter de la sagesse de leur décision. On considérait comme de mauvais présages la mort de trois chefs éminents, la destruction de vastes pâturages par les feux de prairie et la disparition du bison. Durant l’été de 1879, la chasse fut si pauvre que de nombreux Pieds-Noirs souffrirent de la faim et furent obligés de suivre les derniers troupeaux de bisons aux États-Unis. Pied de Corbeau emmena les membres de sa tribu au Montana où, en l’absence de la Police à cheval du Nord-Ouest, ils furent encore une fois à la merci des trafiquants de whisky, des voleurs de chevaux et des guerres intertribales. Pendant ce temps, le traité de paix entre les Pieds-Noirs et les Sioux se termina par un raid sur le camp de Pied de Corbeau pour y voler des chevaux. Pour ajouter à ces difficultés, Louis Riel, et ses partisans campèrent à côté des Pieds-Noirs durant un hiver et cherchèrent à répandre le mécontentement. Une fois le troupeau de bisons anéanti, la tribu des Pieds-Noirs, menacée par la faim, revint au Canada en 1881. À son retour, Pied de Corbeau apprit que les siens n’étaient plus sous la responsabilité de la Police à cheval du Nord-Ouest mais relevaient plutôt du ministère des Affaires indiennes, récemment créé. Il constata au cours des mois suivants que les nouveaux administrateurs traitaient les Indiens sans pitié. Irrité et déçu, il défia ouvertement la police pour la première fois au début de 1882, au moment où elle voulut arrêter un chef mineur de la tribu des Pieds-Noirs. Pied de Corbeau devenait méfiant à l’égard du gouvernement et de la Police à cheval du Nord-Ouest, et il apprit, lorsque des agitateurs cris et métis commencèrent à visiter son camp, que partout dans l’Ouest les Indiens avaient les mêmes problèmes. En 1884, après l’arrestation de l’un des partisans de Riel au camp des Pieds-Noirs, le commissaire des Affaires indiennes, Edgar Dewdney*, invita Pied de Corbeau et d’autres chefs pieds-noirs à visiter Regina et Winnipeg. Comme l’avait espéré le commissaire, cette visite à de vastes communautés blanches démolit la conviction qu’entretenaient les Indiens d’être supérieurs en nombre aux Blancs. Une telle constatation exerça une grande influence sur le comportement de Pied de Corbeau au cours de la rébellion de 1885 dans le Nord-Ouest. Ses sympathies allaient sans aucun doute aux Cris, dirigés par Gros Ours [Mistahimaskwa] et par son propre fils adoptif, Poundmaker, mais il estimait qu’ils ne pouvaient pas remporter la victoire. En outre, ni les Piegans ni les Gens-du-Sang ne voulaient appuyer les Cris, leurs ennemis héréditaires, et la tribu des Gens-du-Sang offrit même d’envoyer des guerriers combattre du côté du gouvernement. Pendant les premiers jours de la rébellion, en vérité, Pied de Corbeau s’abstint de se commettre, soit avec les messagers rebelles qui venaient à son camp, soit avec les représentants du gouvernement. Ce n’est qu’après avoir acquis la certitude que les Gens-du-Sang et les Piegans persisteraient dans leur attitude hostile et après avoir entendu parler des engagements du gouvernement qu’il promit d’être fidèle à la couronne. La question de la loyauté des Pieds-Noirs durant la rébellion suscita néanmoins de vives inquiétudes. À un certain moment, les habitants de Calgary craignirent une attaque, et on envoya le père Lacombe au camp de Pied de Corbeau pour faire enquête. Ce dernier déclara à Lacombe que, malgré les fréquents messages des Cris et en dépit du fait que Poundmaker se trouvait au centre du conflit, les Pieds-Noirs n’avaient pas l’intention de prendre part au soulèvement. Lorsque cette nouvelle parvint à Ottawa, le gouverneur général, lord Lansdowne [Petty-Fitzmaurice*], exprima ses remerciements à Pied de Corbeau au nom de la reine, et le cabinet de sir John Alexander Macdonald* manifesta son approbation par une salve d’applaudissements. L’année suivante, en reconnaissance de leur loyauté, Pied de Corbeau et son frère de lait No-okska-stumik (Three Bulls) furent emmenés en voyage à Montréal et à Québec par le père Lacombe. Pied de Corbeau y devint une célébrité aux yeux des journalistes et du public, car sa stature imposante et ses traits classiques d’Indien correspondaient à l’image romantique que chacun se faisait du « noble Indien ». En revenant de Québec, il s’arrêta à Ottawa où il rencontra Macdonald et lui donna le nom de « beau-frère » en langue indienne.
Devenu un personnage de marque au Canada, Pied de Corbeau fut cependant un homme malheureux durant la dernière décennie de sa vie. Il était de plus en plus déçu du traitement réservé aux siens par les employés et les représentants du gouvernement ; sa santé se détériora, et une série de tragédies le frappa dans sa vie privée. Il eut dix épouses au cours de son existence – généralement trois ou quatre à la fois. Sa préférée fut Sisoyaki (Cutting Woman) qui l’accompagnait lorsqu’il se rendait dans d’autres réserves et qui occupait la place d’honneur à côté de lui dans sa tente. Malgré toutes ces épouses, Pied de Corbeau vit seulement quatre de ses enfants atteindre la maturité, dont un seul fils, Kyi-i-staah (Bear Ghost), qui était aveugle, dans une tribu où l’on préférait de beaucoup les garçons. Un grand nombre de ses autres enfants moururent de la tuberculose. Pour comble de malheur, son fils adoptif, Poundmaker, fut emprisonné en raison de sa participation au soulèvement ; on le libéra en 1886 par égard pour Pied de Corbeau, mais il mourut subitement au camp de ce dernier quatre mois plus tard.
Pendant les trois dernières années de sa vie, Pied de Corbeau mena une existence paisible et visita ses vieux amis des réserves voisines. En 1887, il aida Corbeau Rouge [Mekaisto*], grand chef des Gens-du-Sang, à empêcher ses guerriers d’attaquer les Gros-Ventres ; l’année suivante, il se rendit au Montana où il tenta sans succès de conclure un traité de paix avec les Assiniboines. Malade et affligé d’une vue qui baissait, Pied de Corbeau demeura dans la réserve pendant l’hiver de 1889–1890 et mourut au cours du printemps. Son frère de lait, Three Bulls, le remplaça comme chef, mais ni lui ni les chefs qui vinrent par la suite n’atteignirent à autant de prestige ou de grandeur.
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Date de dernière mise à jour : 05/07/2021
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