1887 dissolution des structures tribales....
Dès 1887 le Président Hayes, dans son discours inaugural, dénonce la part de responsabilité de la nation dans les guerres indiennes en déclarant :
"Beaucoup, sinon la plupart de nos guerres indiennes ont été déclenchées par le fait que nous n'avons pas respecté nos engagements et par les autres actes d'injustice que nous avons commis"
C'est dans ce contexte qu'il propose d'attribuer des lopins de terres individuels aux indiens qui "souhaitent rompre avec leurs structures tribales*
Cette proposition, reprise par le Président Arthur quatre ans plus tard en 1881, conduisit à l'adoption du General Allotment Act, ou Loi de morcellement des terres indiennes en 1887 (Dawes Bill, du nom du Sénateur Dawes du Massachussets qui la soumit au Congrès).
Cette loi prévoyait l'attribution de quelques 70 hectares aux chefs de famille et la moitié aux célibataires, terres qui demeuraient inaliénables pendant 25 ans et sous la tutelle du gouvernement fédéral; la loi stipulait également que le surplus des terres serait vendu, le revenu de cette vente devant être consacré à "l'éducation et à la civilisations des tribus". Cette nouvelle orientation de la politique indienne était considérée comme la meilleure façon de mettre fin à la tradition indienne de la propriété collective des terres, de dissoudre les structures tribales et de faire de l'Indien un citoyen comme les autres (l'attriburion de la citoyenneté américaine accompagnait le morcellement).
Encore une fois, cyniques et philanthropes se rejoignaient pour appuyer des mesures en lesquelles les premiers voyaient le meilleur moyen d'acquérir les terres indiennes et que les seconds considéraient comme la seule possibilité de civiliser les Indiens et de mettre fin aux maux qui leur semblaient aller de pair avec la vie tribale :
visites fréquentes, fêtes et danses"païennes" liens de solidarité et d'interdépendance qui accompagnent la famille élargie. Des organisations, dont l'Indian Rights Association, se déclarèrent favorables à l'adoption de la loi.
Toutefois, des voix s'élevèrent contre cette politique; dès 1881 le Sénateur Teller du Colorado déclarait qu'il s'agissait d'une loi "visant à dépouiller les Indiens et à en faire des vagabonds"; il ajoutait : "l'objectif réel de cette loi est de mettre la main sur les terres indiennes... les dipositions relatives à l'intérêt des Indiens dans cette affaire, ne sont qu'un prétexte pour obtenir leurs terres et les occuper" Il prédisait qu'en trente à quarante ans les Indiens auraient perdu une bonne partie de leur territoire.
Dans l'ensemble, l'avenir confirma les interprétations pessimistes; les terres des réserves, dans bien des cas peu propices à l'agriculture, devinrent encore plus difficilement rentables après leur fractionnement. Nombre d'Indiens, encore peu initiés aux techniques agricolesdes fermiers Blancs, se laissèrent convaincre de vendre ou de louer leurs lots, à des prix souvent bien inférieurs à leur valeur réelle.
La loi de morcellement entraîna finalement un partage plus oumoins arbitraire des terres en parcelles souvent exiguës ou arides, qui se trouvèrent encore réduites aux générations suivantes, à mesure que les héritages vinrent multiplier le nombre des ayants droit. La complexité des modalités d'application de la loi nbe fit qu'en aggraver les conséquences; en effet, en vertu de cette loi, au moment du décès du propriétaire, son terrain devenait la propriété indivise de tous les héritiers. Rares étaient les Indiens qui pouvaient racheter les droits de leurs cohéritiers et le gouvernement n'avait pas l'autorité d'assigner le lot à un seul propriétaire; de nombreux héritiers en vinrent à détenir une seule fraction d'un titre concernant un terrain et le problème se compliqua à chaque décès et à chaque division du titre. Une proportion notable de ces terres demeura en friche car les nombreux héritiers n'arrivaient pas toujours à se mettre d'accord sur l'usage qu'il fallait en faire. Un héritier pouvait s'installer sur un terrain et empêcher tout usage qutre que résidentiel. De toute façon, l'agent du Bureau des Affaires indiennes était habilité à louer pour l'usage qu'il jugeait le plus productif et c'est à cette sollution qu'il recourait le plus souvent, quand les terres n'étaient pas vendues, car c'était plus simple que de résoudre les problèmes de succession ou d'initier les Indiens aux techniques agricoles nouvelles.
L'agent du BIA pouvait aussi être soumis à des pressions et incité à louer des lots à des exploitants Blancs en quête de terres. Ayant ainsi perdu le contrôle de leur développement, de nombreux Indiens se trouvèrent désœuvrés, voués à l'attente de maigres fermages. Force fut de constater que. dans la majorité des cas, le système de transmission des terres n'apportait qu'une faible contribution aux revenus des Indiens et n'améliorait ni les problèmes d'emploi ni la situation économique.
En 1887 les terres tribales s'étendaient sur 138 millions d'acres en 1934 elles n'en comptait que 48 millions
Cette loi fut abrogée en 1934
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