1848 (2 février)
Traité de Guadalupe Hidalgo
Le 2 février 1848, le traité de Guadalupe Hidalgo met fin à la guerre entre les États-Unis et le Mexique, surnommée «Mr. Polk's War» (la guerre de M. Polk, du nom du président américain James Polk(du parti démocrate).
Motivée par le désir de Washington d'étendre sa souveraineté sur toute l'Amérique du nord au nom de la «Destinée manifeste» desÉtats-Unis,la guerre permet à ceux-ci d'annexer d'immenses territoires presque vides et très prometteurs, de la Californie au Nouveau-Mexique. Le Mexique ne se remettra jamais de son humiliation.
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Une patrouille de 63 hommes s'était aventurée au sud de la rivière Nueces qui sépare le Mexique du Texas. Cet ancien territoire mexicain était devenu le 1er mars 1845 le 38e État américain au grand désappointement de Mexico.
Des soldats mexicains ne se font pas faute d'interpeller ces intrus qui ont pénétré chez eux en armes. Le 25 avril 1845, onze Américains sont tués et les autres capturés, y compris le capitaine Thornton,
chef de la patrouille.
Cet incident de frontière est le premier d'une ***longue série de prétextes qui vont permettre à Washington d'étendre son emprise sur le reste du monde au cours du siècle suivant.
***Les États-Unis ont fait du mensonge une arme de guerre depuis qu'ils sont entrés sur la scène internationale, à l'orée du XXe siècle. Au nom de l'adage qui veut que la fin justifie les moyens, ils sapent ainsi les principes moraux sur lesquels reposent la Constitution américaine et la démocratie occidentale. Leur parole s'en trouve décrédibilisée, y compris lorsqu'ils dénoncent des faits comme l'emploi d'armes chimiques par le gouvernement syrien en août 2013.Notons que les États démocratiques européens n'ont quant à eux jamais pratiqué le mensonge pour motifs géostratégiques, peut-être par attachement à un vieux code de l'honneur.
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Abraham Lincoln |
Guadalupe Victoria |
Président John Knox Polk |
Antonio Lopez Santa Ana |
Winfield Scott |
Le président Polk y voit un casus belli et appelle le Congrès à voter une «guerre commencée par le Mexique». Abraham Lincoln, jeune représentant de l'Illinois au Congrès, est l'un des rares hommes politiques américains à en dénoncer le caractère immoral, ce qui lui va lui coûter son siège.
La guerre est déclarée le 13 mai 1845. Elle va se dérouler sur plusieurs fronts. En Californie et sur le Rio Grande, au sud du Texas, on s'en tient à des escarmouches sans conséquence.
Pour l'emporter, les Américains, dont la supériorité est absolue, mobilisent une armée de 12.000 hommes. Sous le commandement du général Winfield Scott, elle pénètre résolument au Mexique et s'empare de Vera Cruz, sur la côte atlantique, le 27 mars 1847, avant de remonter vers la capitale.
La marche sur Mexico est entravée par la résistance des guerilleros et des troupes régulières commandées par le général Santa Anna, celui-là même qui a combattu les Texans à Fort-Alamo dix ans plus tôt. Ce n'est qu'au bout de six mois que le général Scott entre dans la capitale, mettant ainsi fin à la guerre.
Par le traité signé à Guadalupe Hidalgo, à quelques kilomètres au nord de Mexico, les Américains annexent en échange de 15 millions de dollars les territoires qui deviendront les États du Nouveau-Mexique, de l'Arizona, du Nevada, de l'Utah et de la Californie, soit au total 1,5 millions de km2 (et seulement quelques milliers de colons européens)... C'est le plus important agrandissement des États-Unis depuis l'achat de la Louisiane un demi-siècle plus tôt.
Traité de Guadalupe Hidalgo
À ce moment-là, on ne sait pas encore que de l'or vient d'être découvert dans ce dernier territoire, près de San Francisco.
Fait à noter, l'article 9 du traité de Guadalupe-Hidalgo garantissait aux Mexicains le maintien de leurs propriétés et le respect de leur religion. Aucune disposition n'était prévue pour la langue espagnole. Toutefois, en assurant que les habitants du pays devaient continuer à bénéficier des mêmes droits et privilèges que sous leur ancien gouvernement, le traité sous-entendait qu'ils devaient être gouvernés comme ils l'étaient auparavant. C'est dans cet esprit que les lois ont continué durant quelques décennies d'être imprimées en espagnol.
Article IX
The Mexicans who, in the territories aforesaid, shall not preserve the character of citizens of the Mexican Republic, conformably with what is stipulated in the preceding Article, shall be incorporated into the Union of the United States, and admitted as soon as possible, according to the principles of the Federal Constitution, to the enjoyment of all the rights of citizens of the United States. In the mean time, they shall be maintained and protected in the enjoyment of their liberty, their property, and the civil rights now vested in them according to the Mexican laws. With respect to political rights, their condition shall be on an equality with that of the inhabitants of the other territories of the United States; and at least equally good as that of the inhabitants of Louisiana and the Floridas, when these provinces, by transfer from the French Republic and the Crown of Spain, became territories of the United States.
The same most ample guaranty shall be enjoyed by all ecclesiastics and religious corporations or communities, as well in the discharge of the offices of their ministry, as in the enjoyment of their property of every kind, whether individuals or corporate. This guaranty shall embrace all temples, houses and edifices dedicated to the Roman Catholic worship; as well as all property destined to it's support, or to that of schools, hospitals and other foundations for charitable or beneficent purposes. No property of this nature shall be considered as having become the property of the American Government, or as subject to be, by it, disposed of or diverted to other uses.
Finally, the relations and communication between the Catholics living in the territories aforesaid, and their respective ecclesiastical authorities, shall be open, free and exempt from all hindrance whatever, even although such authorities should reside within the limits of the Mexican Republic, as defined by this treaty; and this freedom shall continue, so long as a new demarcation of ecclesiastical districts shall not have been made, conformably with the laws of the Roman Catholic Church.
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Article 9
Les Mexicains qui, dans les territoires susmentionnées, ne conserveront pas le statut de citoyens de la république du Mexique, conformément avec ce qui est prévu à l'article précédent, seront incorporés dans l'Union des États-Unis et admis aussitôt que possible, selon les principes de la Constitution fédérale, avec les avantages de tous les droits des citoyens des États-Unis. Entre-temps, ils seront maintenus et protégés avec les avantages de leur liberté, de leurs propriétés et de leurs droits civils maintenant acquis par eux en vertu des lois mexicaines. En ce qui concerne les droits politiques, ils seront reconnus à égalité avec ceux des habitants des autres territoires des États-Unis; et au moins égaux à ceux des habitants de la Louisiane et des Florides, lorsque ces provinces, par transfert de la République française et la Couronne de l'Espagne, sont devenues des territoires des États-Unis.
Les mêmes garanties suffisantes seront reconnues par tous les ecclésiastiques ainsi que les communautés et sociétés religieuses, comme aussi dans la libération des bureaux de leur ministère, les bénéfices de leurs propriétés de toute sorte, les particuliers et les entreprises. Cette garantie comprendra tous les églises, maisons et édifices consacrés à l'adoration catholique; aussi bien que toutes les propriétés qui leur sont destinées, ainsi qu'aux écoles, hôpitaux et autres fondations à des buts charitables ou de bienfaisance. Aucune propriété de cette nature ne sera considérée comme étant devenue la propriété du gouvernement américain ou pour être soumise ou détournée à d'autres fins.
Finalement, les relations et les communications entre les catholiques vivant dans les territoires susmentionnées et leurs autorités ecclésiastiques respectives seront ouverts, libres et exemptes de toute entrave, même si les autorités doivent résider dans les limites de la république du Mexique, tel qu'il est défini par le présent traité; et cette liberté religieuse se poursuivra tant qu'une nouvelle démarcation des diocèses ecclésiastiques ne seront pas faite, conformémnt aux lois de l'Église catholique.
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Ce traité d'annexion territoriale constituait l'acte de naissance d'un nouveau groupe ethnique aux États-Unis: les Américano-Mexicains, qui deviendront les Chicanos ou Latinos
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