1878-79 Exode des Cheyenne du nord
La longue marche des Cheyennes du Nord Les cheyennes déportés en Oklahoma ne supportent pas le climat Septembre 1878-janvier 1879 Exode des Cheyennes du Nord qui, fuyant le Territoire Indien où ils ont été déportés, tentent, à l’automne 1878, de rejoindre leurs terres du Montana. C’est, avec la fuite des Nez Percés du Chef Joseph, l’une des actions les plus héroïques accomplies par les Indiens pour la défense de leur liberté.
Une situation désespérée Le 27 avril 1877, les chefs Dull Knife et Little Wolf des Cheyennes du Nord font leur reddition à Fort Robinson. En juillet, ils sont envoyés à l’agence de Darlington, sur la réserve cheyenne du sud du Territoire Indien, l’actuel l’Oklahoma.
Les Cheyennes du Nord, habitués aux plaines verdoyantes et fraîches, aux collines boisées du Montana et jaloux de leur indépendance, ne peuvent s’habituer aux étés brûlants de l’Oklahoma et à l’humiliation de devoir se soumettre au bon plaisir du gouvernement et de ses agents. Le lieutenant Lawton, qui a rendu visite aux Cheyennes de Little Wolf et Dull Knife, écrit dans son rapport en septembre 1877 : "Ils ne reçoivent pas assez de provisions pour échapper à la famine .... Ils ne gardent pas pour eux le peu de denrées que j'ai vu leur être distribué, mais le donnent à leurs enfants qui réclament à grands cris de quoi manger. La viande de bœuf qu'on leur distribue est de très mauvaise qualité et ne peut être considérée comme comestible ni propre à aucun usage". Ils souffrent bientôt de malaria et au printemps suivant, une cinquantaine de leurs enfants ont succombé à une épidémie de rougeole. Ils ont surtout la nostalgie de leurs riches prairies du Montana et de leur vie libre dans les Plaines.
Vers le Montana A la fin de l’été 1878, les chefs Dull Knife et Little Wolf font part à l’agent Miles de leur volonté de retourner au Montana. L’agent alerte ses supérieurs, mais les Cheyennes prennent la route du nord dès le 9 septembre. De tous les forts de la région, deux mille soldats affluent pour couper la route aux fugitifs. Les Indiens campent sur les bords de la rivière Cimarron. Ils sont interceptés par une unité du 4ème régiment de cavalerie. Après un vif échange de coups de feu, les soldats abandonnent le terrain et se replient sur Fort Reno. Des milliers de poursuivants Neuf mille soldats, sous les ordres du général George Crook, sont amenés par chemin de fer. Trois mille miliciens venus de Dodge City rejoignent les forces armées pour traquer les trois cents Cheyennes qui comptent moins de cent hommes en état de combattre. Les Indiens, qui évitent à tout prix l’affrontement avec les Blancs, parviennent à se glisser à travers le plus imposant dispositif militaire jamais mis en place par l’armée américaine.
Au Kansas, ils capturent des chasseurs de bisons qu’ils laissent repartir après les avoir délesté de leurs armes et de la viande qu’ils avaient. Parfois, des guerriers quittent le convoi et reviennent le lendemain avec des chevaux, un fusil, quelques provisions. Il est vraisemblable qu’ils ont tué quelques Blancs qui leur résistaient pour s’emparer de ce qui était nécessaire à la survie des leurs. Les Cheyennes franchissent l’Arkansas. Le 26 septembre, ils sont attaqués par les troupes du colonel William H. Lewis. Les soldats abattent des chevaux, mais les Cheyennes parviennent une nouvelle fois à décrocher en protégeant les femmes et les enfants. Désormais, certains d’entre eux doivent aller à pied. Le 29 septembre, la route des fugitifs est coupée par la Kansas Pacific Railroad. Le passage est particulièrement délicat, car des machines haut le pied chargées de soldats circulent en permanence le long des voies. Les trois cents Cheyennes passeront pourtant, dans un silence absolu, avec leurs chevaux et leurs enfants. Puis c’est la traversée de la South Platte le 4 octobre. Les Cheyennes voyagent dans un pays maintenant largement occupé par les Blancs : les ranchs, les fermes, les clôtures sont pour eux autant d’obstacles redoutables. Le général Crook ordonne à toutes les troupes disponibles d’arrêter les fuyards qui viennent de s’engager dans les Sand Hills, le désert de sable du Nebraska. Maintenant complètement démunis, épuisés, affamés, les Cheyennes ne sont plus en état de combattre, mais cherchent seulement à échapper aux forces qui les traquent. Pour donner de meilleures chances à ceux qui semblent en état d’atteindre le Montana, ils décident de se séparer. Le vieux Dull Knife, avec les plus faibles, se dirigera vers Fort Robinson où les Cheyennes croient que se trouve toujours l’agence de Red Cloud, certains que les Lakotas leur porteront secours. Little Wolf continuera vers la vallée de la Powder River, vers les terres cheyennes. Fort Robinson Le 23 octobre, des soldats interceptent ceux de Dull Knife et les conduisent à Fort Robinson. Les Lakotas n’y sont plus depuis un an. Ils ont été transférés sur la réserve de Pine Ridge, à cent kilomètres de là. Pendant deux mois, nourris, bien traités, les Cheyennes reprennent des forces. Certains de leurs amis lakotas sont même autorisés à leur apporter des vêtements et des couvertures dont ils manquent cruellement. Les Cheyennes affirment toujours leur refus de retourner en Oklahoma. Le jour de Noël 1878, un ordre arrive de Washington : les Cheyennes doivent retourner sans délai en Oklahoma. Les Indiens refusent farouchement. Ils sont aussitôt consignés dans leurs baraquements. Dans les premiers jours de janvier, le capitaine Henry W. Wessels qui commande le fort leur fait supprimer le chauffage, la nourriture et même l’eau. Le dernier espoir Au soir du 9 janvier 1879, les Cheyennes prisonniers tentent une sortie désespérée. Une cinquantaine, dont beaucoup de femmes et d’enfants, tombent sous les balles des soldats. Quelques dizaines ont pu s’échapper. Le 23 janvier, trente-deux fugitifs sont cernés près de Hat Creek. Les cent cinquante soldats déclenchent un feu d’enfer. Tous sont tués, à part quelques femmes grièvement blessées qui seront capturées. Une vingtaine de Cheyennes sont ramenés en Oklahoma. Dull Knife et huit des siens réussissent à atteindre la réserve de Pine Ridge après dix-huit jours de marche, au degré le plus extrême de l’épuisement. Les Lakotas les nourrissent et les cachent durant plusieurs mois. En janvier, les Cheyennes conduits par Little Wolf ont atteint la Powder River où ils se terrent jusqu’au printemps. Début mars, Little Wolf rencontre le chef cheyenne Two Moons qui organise sa reddition. Le 27 mars 1879, à Fort Keogh, Little Wolf et ses guerriers remettent leurs armes au général Nelson A. Miles.
Les Cheyennes du Nord obtiendront une réserve au Montana, sur la rivière Tongue, où ils sont toujours.
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Date de dernière mise à jour : 11/12/2018
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