Les Inuits
Les Inuits sont un groupe de peuples autochtones partageant des similarités culturelles et une origine ethnique commune vivant dans les régions arctiques de l'Amérique du Nord. Il y a environ 150 000 Inuits vivant au Groenland, au Canada et aux États-Unis. Bien que le Conseil circumpolaire inuit regroupe également les Yupiks de l'Alaska et de la Sibérie, ceux-ci ne sont pas des Inuits dans le sens d'une descendance thuléenne. Les Inuits ne sont pas considérés comme des Amérindiens puisque leurs ancêtres seraient venus en Amérique plusieurs millénaires après l'arrivée des Paléoasiatiques, les ancêtres des Amérindiens. En fait, les Inuits sont davantage similaires aux peuples habitant les régions arctiques asiatiques qu'aux peuples amérindiens. Il ne faut pas non plus confondre les Inuits avec les Innus qui sont un peuple amérindien vivant dans la forêt boréale canadienne du Nord-Est du Québec et du Labrador. Historiquement, les Inuits étaient un peuple de chasseurs nomades. De nos jours, si la plupart des Inuits sont devenus sédentaires, une grande partie vit encore de la chasse et de la pêche. Plusieurs questions politiques se posent au sujet des Inuits, principalement des revendications territoriales. Au Canada, ils sont représentés par l'Inuit Tapiriit Kanatami. En fait, le plus important processus de revendication territoriale dans l'histoire du Canadaa mené, en 1999, à la création du Nunavut, un nouveau territoire conçu comme patrie d'une grande partie des Inuits du Canada et dont le nom signifie « notre terre » en inuktitut, la langue principale des Inuits canadiens. De plus, afin de répondre aux revendications des Inuits de la région du Nunavik dans le Nord-du-Québec, le gouvernement québécois a créé l'Administration régionale Kativik dans le cadre de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois.
POPULATION 2010 / 2016
Le terme « inuit » signifie « gens », « humain » ou « personne » en inuktitut et en groenlandais. Puisque ce sont les deux langues inuites les plus parlées, c'est le terme qui a été retenu. Il s'agit en fait d'un nom pluriel dont la forme singulière est « inuk » et la forme duelle est « inuuk ». Cependant, en français, tel que recommandé par l'Office québécois de la langue française, on utilise seulement le mot « inuit » et on l'accorde en genre et en nombre comme un mot français, c'est-à-dire un « Inuit », une « Inuite », des « Inuits » et des « Inuites ». En français, le mot « inuit » est également utilisé en tant qu'adjectif qui est accordé de la même façon. Les autres langues inuites ont un terme ayant la même racine étymologique pour ce mot, par exemple « inughuit » en tunumiit et « iivit » en tunumiisut. Certains peuples des régions arctiques étaient auparavant communément désignés L'ethnologue danois William C. Thalbitzer a rapproché les Inuits et leur nom des Aïnous, une ethnie du Japon et de la Russie, et de leur nom sur le radical « innu », d'autant que les mythes fondateurs des deux communautés sont très semblables.
Cultures néolithiques du Nord-Est de la SibérieLe détroit de Béring et les îles Diomède.
Vers 8000 av. J.-C. et durant les 6 000 ans qui ont suivi, au moment où le détroit de Béring était envahi par la banquise, des petits groupes de chasseurs arrivent en Alaska. Il y a de fortes chances que ces gens l'aient traversé sur la banquise pour aller de l'Ancien au Nouveau Monde. Dans cette partie du détroit de Béring, d'après la situation géographique des îles Diomède, il n'y a qu'une vingtaine de kilomètres tout au plus entre deux terres. Donc, seulement trois ou quatre jours de marche ont été nécessaires pour faire le voyage. D'après les fouilles des plus vieux sites alaskans, ces gens étaient de la tradition microlithique de l'Arctique qui est très similaire aux groupes du Néolithique de Sibérie. Ces chasseurs n'ont jamais atteint la côte sud de l'Alaska et les îles Aléoutiennes. Ils se sont plutôt répandus rapidement dans l'Arctique canadien et au Groenland à la poursuite de bœufs musqués et de mammifères marins. Ils apportèrent avec eux une technologie d'outils en pierre taillée qui était totalement inconnue en Amérique, principalement des micro-lames qui sont des petites lamelles de pierre obtenues par percussion. De plus, de minuscules lames triangulaires servant de pointes de projectile constituaient très probablement le premier indice de l'usage de l'arc et de la flèche en Amérique du Nord. L'origine des peuples anciens peut être retracée par l'étude des langues utilisées par ces derniers et par les caractéristiques physiques des populations concernées. Tous les groupes d'Inuits nord-américains ont des langues apparentées. De plus, les langues inuites ont d'importantes affinités avec celle des Aléoutes, laissant croire qu'elles ont possiblement une même origine. De plus, les langues inuites et aléoutiennes ont un lointain lien de parenté avec les Tchouktches, les Koriaks et les Kamtchadales du Nord-Est de la Sibérie.
Il semble que plusieurs nappes de peuplement venues d'Asie se soient succédé ou se soient côtoyées en Amérique boréale. Ainsi, les « Paléoesquimaux » des cultures de Saqqaq et de l'Indépendance I, documentés par des vestiges archéologiques dans le Nord du Canada et du Groenland, représentent la plus ancienne expansion humaine dans l'extrême Nord du Nouveau Monde. Toutefois, leur origine et leur relation génétique avec les cultures postérieures ne sont pas connues. Un génome mitochondrial d'un Paléoesquimau a été séquencé en utilisant des cheveux gelés âgés de 3 400 à 4 500 ans excavés d'une installation saqqaq du Groenland. L'échantillon est distinct de ceux des Amérindiens et des Esquimaux modernes. Ce résultat suggère que les premiers migrants dans l'extrême Nord du Nouveau Monde provenaient des populations dans la zone de la mer de Béring et n'étaient pas directement liés aux Amérindiens ou Esquimaux postérieurs, qui les ont remplacés ». L'échantillon paraît par contre très proche de celui des Aléoutes de la région du détroit de Béring et des Sirenikis (en) de Sibérie.
Paléoesquimaux anciensD'après les dates d'ancienneté analogues des sites de la Tradition des outils microlithiques, allant de l'Alaska au Groenland, il est supposé que les Paléoesquimaux anciens ont envahi les territoires polaires avec rapidité. Ils étaient habiles à exploiter un nouveau territoire au-delà des migrations saisonnières. Ces derniers étaient des chasseurs des forêts nordiques de la Sibérie qui se sont adaptés aux régions de toundra et de banquise.
C'était la première phase d'extension territoriale d'une bonne partie de l'Arctique canadien et du Groenland, encore inhabité à cette époque. La similarité de la technologie du Paléoesquimau ancien est frappante d'une région à l'autre. Un degré de cohésion culturelle et de conservatisme est remarqué dans le temps et dans l'espace. Les Paléoesquimaux anciens ont été les premiers à réussir une certaine adaptation malgré les contraintes climatiques de l'Arctique nord-américain, c'est-à-dire un froid glacial, une pauvreté en nourriture d'origine végétale, une disponibilité saisonnière des protéines animales, un nombre limité d'espèces disponibles ainsi qu'une rareté du combustible et des matières premières essentielles. Au départ, ils ont peut-être été attirés par les troupeaux de caribous et, une fois sur place, ils auraient découvert les bœufs musqués et les phoques des côtes arctiques. La défensive en ligne ou en cercle utilisée par ces bêtes se transformait en avantage pour des chasseurs qui possédaient des chiens. L'immobilité du troupeau ainsi pris au piège permettait aux hommes de s'approcher des bêtes, facilitant l'utilisation de l'arc ou de la lance. Une fois la viande débitée, elle était empaquetée dans les peaux et transportée vers les campements. En fait, la chasse au bœuf musqué était très possiblement beaucoup plus facile que la chasse à la baleine et au morse. Durant l'été, la diète était complétée avec des oiseaux migrateurs, des œufs, des lièvres arctique et des poissons anadromes.
Les outils de pierre retrouvés dans les campements de la Tradition microlithique de l'Arctique sont des produits de facture complètement différentes des traditions antérieures de l'Alaska mais très similaires à ceux des Néolithiques de Sibérie. Tout cet outillage était extrêmement petit. Il comprenait des micro-lames, des burins pour le découpage des os, de minuscules lames triangulaires servant de pointes de harpon et de flèche. Des rencontres possibles avec des Indiens de l'Archaïque maritime du Labrador leur ont permis de découvrir le harpon à tête détachable qui est très efficace pour la chasse au phoque et au morse. Cette nouveauté se répandit d'un bout à l'autre de l'Arctique et améliora de façon tangible les activités de subsistance. Des recherches par des archéologues danois démontrent que les trois formations de cette époque, Indépendancien, Saqqaquien et Prédorsétien, sont en réalité trois cultures régionales, légèrement décalées dans le temps mais provenant d'une même culture microlithique. Trois variantes de la Tradition microlithique de l'Arctique ont été découvertes dans le Grand Nord canadien et groenlandais : l'Indépendence I du Haut-Arctique, les Saqqaqiens du Groenland et la culture prédorsétienne des îles et des côtes du Bas-Arctique. Figure mythique du peuple inuit Sedna, la déesse de la mer, est la figure mythique du peuple inuit à l'origine de la création des animaux marins. Le mythe raconte que son père, pour se sauver d'une tempête, la sacrifie en lui tranchant les doigts alors qu'elle s'agrippe à l'embarcation sur laquelle ils se trouvent. De ses phalanges sectionnées naissent les mammifères marins que Sedna, devenue déesse de la mer, contrôle depuis les profondeur. L'histoire de SednaLa beauté de Sedna n’avait d’égale que sa prétention. Elle repoussait tous les prétendants que son père lui présentait. Un jour, son père, excédé, la maria de force au premier qui se présenta, un chasseur riche mais extrêmement laid. Sedna partit donc avec son nouveau mari qui se révéla être un méchant chaman. Sedna était très malheureuse de sa nouvelle condition et pleurait toute la journée. Un jour, pris de remords, son père partit en kayak récupérer Sedna. Quand le chaman s’aperçut de la disparition de son épouse, il entra dans une terrible colère et déclencha une gigantesque tempête sur l’océan. Sedna et son père furent pris dans cette tempête, et le père, pris de peur, jeta Sedna par-dessus bord pour échapper à la colère du chaman. Sa fille essaya de s’agripper désespérément au bord du kayak, mais son père tapa avec sa pagaie sur ses doigts gelés par le froid. Ceux-ci se cassèrent net, tombèrent dans l’eau. Ils se transformèrent en poissons, phoques et morses. Comme Sedna essayait toujours de s’agripper au kayak avec ses mains, son père tapa encore avec sa pagaie, et les mains gelées tombèrent à l’eau et devinrent les baleines. Sedna, ne pouvant plus s’accrocher, se laissa couler dans l’océan. C’est là qu’elle demeure en tant que mère de toutes les créatures de l’océan dont se nourrissent les Inuits. Lors de leur transe, les chamans se munissent d’un grand peigne pour coiffer la longue chevelure de Sedna et ainsi apaiser sa colère.
Sedna, la déesse de la mer, est la figure mythique du peuple inuit à l'origine de la création des animaux marins. Le mythe raconte que son père, pour se sauver d'une tempête, la sacrifie en lui tranchant les doigts alors qu'elle s'agrippe à l'embarcation sur laquelle ils se trouvent. De ses phalanges sectionnées naissent les mammifères marins que Sedna, devenue déesse de la mer, contrôle depuis les profondeur. L'histoire de SednaLa beauté de Sedna n’avait d’égale que sa prétention. Elle repoussait tous les prétendants que son père lui présentait. Un jour, son père, excédé, la maria de force au premier qui se présenta, un chasseur riche mais extrêmement laid. Sedna partit donc avec son nouveau mari qui se révéla être un méchant chaman. Sedna était très malheureuse de sa nouvelle condition et pleurait toute la journée. Un jour, pris de remords, son père partit en kayak récupérer Sedna. Quand le chaman s’aperçut de la disparition de son épouse, il entra dans une terrible colère et déclencha une gigantesque tempête sur l’océan. Sedna et son père furent pris dans cette tempête, et le père, pris de peur, jeta Sedna par-dessus bord pour échapper à la colère du chaman. Sa fille essaya de s’agripper désespérément au bord du kayak, mais son père tapa avec sa pagaie sur ses doigts gelés par le froid. Ceux-ci se cassèrent net, tombèrent dans l’eau. Ils se transformèrent en poissons, phoques et morses. Comme Sedna essayait toujours de s’agripper au kayak avec ses mains, son père tapa encore avec sa pagaie, et les mains gelées tombèrent à l’eau et devinrent les baleines. Sedna, ne pouvant plus s’accrocher, se laissa couler dans l’océan. C’est là qu’elle demeure en tant que mère de toutes les créatures de l’océan dont se nourrissent les Inuits. Lors de leur transe, les chamans se munissent d’un grand peigne pour coiffer la longue chevelure de Sedna et ainsi apaiser sa colère. |
Culture d'Indépendance
Les campements sont formés de une à quatre tentes familiales, munies d'un foyer ouvert au centre avec des espaces de couchage de chaque côté. Chaque tente pouvant abriter quatre à six personnes, un village regroupait donc vingt à trente résidents. Les petites quantités de charbon de bois (saule arctique et bois flotté) et d'os carbonisés laissent croire que le feu était un luxe très occasionnel. Ils ne construisaient pas d'igloo et ne possédaient pas de lampe à huile. Leurs tentes étaient probablement couvertes de lourdes peaux de bœuf musqué soutenues par des poteaux de bois flotté.
Culture prédorsétienneL'occupation des premières populations de la Tradition microlithique de l'Arctique se concentre principalement dans la région au nord de la baie d'Hudson, sur la rive nord du détroit d'Hudson et autour du bassin de Foxe. Les régions méridionales de l'archipel arctique canadien étaient beaucoup plus riches en ressources alimentaires que le Haut-Arctique. Dans la région d'Igloulik, un site daté au radiocarbone indique qu'il est vieux de 3 900 ans. C'est en 1000 av. J.-C., que les Prédorsétiens traversent dans l'arctique québécois (Nunavik) par les îles Nottingham et Salisbury pendant que les Dorsétiens occupent les îles du Haut-Arctique et la côte nord-ouest du Groenland.
Culture Saqqaq du Groenland
Le Saqqaquien est la culture que l'on retrouve principalement dans la région de Saqqaq et Sermermiut sur la côte ouest et sud-est du Groenland. Le territoire s'étend du district de Thulé au nord jusqu'au district de Nanortalik au sud. Du côté est, de la pointe sud de l'île jusqu'à la baie Scoresby (en) vers le nord. Il semblerait qu'un nombre assez important d'individus ont occupé cette riche région côtière du Groenland. Leur mode de subsistance reposait principalement sur le caribou et les petits mammifères marins. Les fouilles démontrent qu'ils exploitaient toutes les niches écologiques disponibles. Des ossements d'au moins 45 espèces de vertébrés ont été retrouvés ainsi que les restes de mollusques. Par l'examen des outils, ils chassaient la baleine, le phoque, les mammifères terrestres, les oiseaux en grand nombre et le poisson en y incluant la morue et l'omble chevalier.
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Culture de Denbigh en Alaska
Paléoesquimaux moyensLe terme « paléoesquimau moyen » est utilisé comme expression générique regroupant plusieurs cultures régionales s'étendant de l'île d'Ellesmere à Terre-Neuve et du delta du fleuve Mackenzie jusqu'au Groenland. Ce sont les Paléoesquimaux moyens qui ont envahi l'Arctique, une fois de plus. Une différence majeure entre les Paléoesquimaux anciens et moyens a été l'abandon des territoires de l'intérieur des terres de l'Alaska et du Kivalliq. Ils délaissèrent la chasse au caribou et intensifièrent la chasse aux mammifères marins sur la banquise. Le refroidissement climatique de l'époque a sûrement eu un effet négatif sur les populations de caribou. Le plus grand impact que le refroidissement du climat a eu sur les gens s'est surtout manifesté par la manière avec laquelle il a influencé les conditions de banquise et les plans d'eau libre de glace que sont les polynies.
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Culture de l'Indépendance IILes terres dénudées du Nord du Groenland et du Haut-Arctique canadien avaient été abandonnées par le groupe d'Indépendance I vers 1700 av. J.-C. Ce n'est que 700 ans plus tard, vers 1000 av. J.-C., qu'une deuxième culture que l'on nommera Indépendance II arrive dans ces régions. Sur la Terre de Peary, le bœuf musqué était le principal mammifère terrestre disponible, le caribou en était totalement absent. Il ne faut pas oublier que cette région très nordique est un rude désert de pierres. Dans les lacs de l'intérieur, des ombles chevaliers pouvaient être capturés et de nombreux oiseaux migrateurs visitaient la région durant la belle saison. Sur la côte du fjord Indépendance, on pouvait trouver quelques ours polaires, des morses, des phoques annelés et parfois des narvals.
Culture dorsétienneLe monde des Dorsétiens s'étendait à l'ouest de l'île Banks jusqu'à Ammassalik (Groenland) à l'est et du district de Thulé (Groenland) au nord à Saint-Pierre-et-Miquelon au sud.
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Cultures esquimaudes d'AlaskaPendant que les Paléoesquimaux développaient leur culture dans le Canada arctique et au Groenland, une évolution fort différente se poursuivait en Alaska dans la région du détroit de Béring. De son côté, les îles Aléoutiennes ont connu un développement graduel qui a débouché sur la culture des Aléoutes d'aujourd'hui. La côte pacifique de l'Alaska, quant à elle, a connu une évolution technologique basée sur l'ardoise polie qui a pu être à l'origine des cultures esquimaudes de cette région. Les côtes nord et ouest étaient occupées par des gens de la Tradition des outils microlithiques de l'Arctique, la même culture que ceux de l'Arctique canadien. Vers 1000 av. J.-C., il y a un arrêt de plusieurs siècles dans l'activité humaine en Alaska. Après cette pause, apparaît une série de groupes comme les cultures Baleinières anciennes, Choris et Norton qui sont un complexe mélange de microlithisme de l'Arctique, de culture de la côte du Pacifique et de groupes du Néolithique de la Sibérie orientale de la même époque.
Nous savons très peu de choses sur les cultures baleinières anciennes. En fait, il n'y a qu'un seul village de cinq maisons qui a été découvert au cap Krusenstern, au nord du détroit de Béring. Il y avait des os de phoque dans les maisons et des os de baleine étendus sur les plages environnantes. On peut considérer cette culture comme une tentative éphémère de mixité, des Aléoutes peut-être, des Esquimaux ou des Amérindien. Culture de Choris Les gens de la culture de Choris vivaient dans de grandes maisons semi-souterraines ovales et chassaient le phoque et le caribou. Ils fabriquaient aussi des outils de pierre taillée qui rappellent passablement ceux de la Tradition microlithique de l'Arctique. Comme pour les cultures baleinières anciennes, l'origine des gens de Choris reste nébuleuse pour l'instant. Ces petits groupes de chasseurs étaient peut-être des Esquimaux du Sud de l'Alaska, ou des Aléoutes qui migrèrent vers le nord, ou des Amérindiens qui avaient adopté des coutumes esquimaudes, voire des immigrants sibériens.
Encore ici, on sent un curieux mélange de Tradition des outils microlithiques de l'Arctique et de cultures néolithiques sibériennes. Comme il est possible de suivre les traces de la culture de Norton jusqu'à aujourd'hui, il est certain que les Nortoniens étaient des Esquimaux. En réalité, ce sont les ancêtres des Inuits historiques et modernes de l'Alaska, du Canada et du Groenland.
La grande majorité des outils en pierre taillée avait été remplacé par de l'ardoise polie. La principale innovation technique de la culture de Punuk est la grande tête de harpon pour la chasse à la baleine. La carcasse d'une baleine boréale pouvait fournir à une communauté tout entière plusieurs tonnes de viande et de graisse. Dès ce moment, il y eut un important accroissement démographique dans la partie septentrionale de l'Alaska. C'est la culture béringienne ancienne qui donna naissance à la culture de Punuk. Ces derniers ont perpétué la tradition et l'ont même améliorée aux contacts des peuples de la Sibérie de l'Âge du fer. Ces grands chasseurs de baleine sont les ancêtres immédiats de tous les Inuits de l'Arctique canadien et du Groenland.
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Culture thuléenne (1000 à 1600)Vers 1000 apr. J.-C., des chasseurs de baleine (Punuk) du Nord de l'Alaska se déplacent vers l'est. Ils voyagent probablement en oumiak (grand bateau fait de peaux cousues) et atteignent le Groenland par le Haut-Arctique en très peu de temps. On considère les Thuléens comme étant les représentants de la troisième et dernière vague de migrations de populations de l'Arctique canadien et du Groenland. Ces importants déplacements sont très possiblement liés au réchauffement climatique (réchauffement médiéval) qui affecta tout l'Arctique à cette époque. En poursuivant la baleine boréale, en plus du Groenland, les Thuléens se sont répandus dans l'ensemble de l'archipel arctique et autour de la baie d'Hudson. Cette culture porte ce nom parce que c'est sur la côte nord-ouest du Groenland, près de la communauté de Thulé que l'on a identifié pour la première fois de vieilles maisons de type thuléenne.
Certains éléments de technologie issus de la culture dorsétienne laissent penser qu'il y a eu certains contacts entre ces deux groupes. En revanche, plusieurs légendes inuites racontent qu'il y a eu combat avec les Tuniits (Dorsétiens) et qu'ils ont été chassés des meilleurs territoires de chasse. C'est dans le Québec arctique que sont retrouvés les sites dorsétiens les plus récents (1400 apr. J.-C.) et c'est cette même région qui connut l'arrivée la plus tardive des groupes de Thuléens. Après plusieurs fouilles de sites thuléens, il est prouvé qu'au Groenland, ces populations faisaient commerce avec les populations résidentes en provenance des pays nordiques et qu'au Labrador, des échanges se faisaient avec les baleiniers basques, écossais et américains ainsi qu'avec les missionnaires. L'archéologie confirme que les Thuléens sont les derniers arrivants de l'Arctique canadien et du Groenland et que leurs ancêtres, il y a deux ou trois mille ans, vivaient sur les côtes de l'Alaska et de la Sibérie. Les Thuléens sont considérés, sans l'ombre d'un doute, comme étant des Inuits. Il est presque certain que ces gens parlaient l'inuktitut, un dialecte esquimau très semblable à celui utilisé encore aujourd'hui par les autochtones du Grand Nord. Cependant, il semble que les us et coutumes thuléens d'origine semblent avoir été plus riches, plus sophistiqués et plus uniformes que les cultures inuites subséquentes. |
Changements climatiques et culturelsLe petit Âge glaciaire (1600 à 1850) a forcé les Thuléens à se diviser en de multiples cultures locales s'adaptant au nouvel environnement des différentes régions arctiques. L'occupation du Labrador par les Inuits remonte au xvie siècle. Dès cette époque, ils rencontrèrent des chasseurs amérindiens et des pêcheurs européens qui exploitaient déjà la partie méridionale de cette côte. En 1770, lorsque les Moraves arrivèrent au Labrador, ces derniers relatent que les Inuits locaux chassaient encore la baleine. Les mauvaises conditions climatiques se faisaient possiblement moins sentir dans cette région relativement plus au sud que les autres régions nordiques.
Ile de Baffin Quant aux Barren Grounds, à l'ouest de la baie d'Hudson, ces territoires étaient occupés par des Inuits qui subsistaient grâce au caribou et au poisson. En résumé, ils accaparèrent les terres abandonnées par les Tchipewyans à la suite d'une épidémie en 1780. Avant cette date, les Inuits du caribou d'aujourd'hui étaient de culture maritime comme celle des Thuléens d'autrefois. Entre 1200 et 1500, les Thuléens arrivent dans la région de la baie Pelly et des golfes Dolphin et Union. Vu l'absence de grands mammifères marins dans cette région, ils n'ont d'autres choix que de s'adapter à la chasse aux phoques sur la banquise. Pour les Inuits du cuivre (Kugluktuk), ils continuèrent de passer l'hiver dans des habitations de pierre, de terre et de bois flotté semblables à celles de leurs ancêtres. En résumé, la technologie des Inuits de l'Arctique central semble simpliste, rustique et adaptée à une nouvelle vie de nomade.
Pour terminer, le Haut-Arctique avait été abandonné durant le refroidissement. Les groupes de la région ont dû mourir de faim ou sont partis rejoindre leurs parents sur la côte nord-ouest du Groenland. Il est certain que les Inuits d'aujourd'hui ont hérité du patrimoine génétique et culturel des Thuléens. Les premiers explorateurs de l'Arctique décrivent que les Inuits rencontrés n'étaient pas de culture maritime mais plutôt une multitude de groupes culturellement différents d'une région à l'autre. La véritable culture thuléenne avait disparu. Il semble que toutes ces mutations ont été provoquées par d'importants changements environnementaux lors de la petite période glaciaire. L'isolation pendant plus de trois mille ans, combinée à un environnement des plus extrêmes a produit une culture humaine unique. Arrivée des EuropéensDans les sociétés dites primitives ou traditionnelles, la prostitution est inconnue. On note seulement, chez certaines d'entre elles, des pratiques d'hospitalité sexuelle. Ainsi, dans l'Europe des premiers siècles, chez les anciens Germains, mais aussi en Égypte, en Chaldée, en Inde, et encore il y a peu, chez les Inuits, il convient rituellement d'offrir la femme ou la fille à l'hôte de passage. Précisons que ce principe d'hospitalité n'a pas de but vénal, que la femme n'est pas exploitée, que le seul bénéfice éventuellement recherché est un métissage génétique. Certains Européens de passage disent avoir été surpris de l'« hospitalité » de certains Inuits allant jusqu'à offrir leur femme ou leur fille. À partir du xixe siècle, les armes à feu bouleversent les pratiques de chasse. Les missionnaires tentent de convertir les Inuits au catholicisme ou au protestantisme tout en cherchant souvent à les sédentariser. Avec d'autres peuples premiers, les Inuits et populations du Nord de l'Europe cherchent à retrouver une certaine autonomie, au Canada, en partie accordée. Mais l'introduction de l'alcool, des maladies microbiennes jusqu'alors inconnues sous ces latitudes et de la radio, l'accès au commerce global, de la télévision et du motoneige sont après quelques décennies, causes de bouleversements sociaux, culturels et du mode de vie.
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Statut des Inuits au Canada et au QuébecAu début des années 1920, le problème sur le statut des Inuits refait surface lorsque O. S. Finnie, le directeur du département de l'Intérieur des Territoires du Nord-Ouest et du Yukon annonce que des obligations sont liées aux droits territoriaux et que le gouvernement canadien ne devrait pas transférer ces responsabilités en éducation et en soins de santé aux commerçants et aux missionnaires. Finnie avait auparavant été choqué par les propos que l'explorateur danois Knud Rasmussen avait tenus au retour de son expédition de 1921 - 1923 sur la côte occidentale de la baie d'Hudson.
Assimilation par la déculturationLes réinstallations étaient considérées comme une solution à certains problèmes perçus par le gouvernement ou d'autres organismes. Dans certains cas, la réinstallation accompagnait d'autres changements touchant la vie des Autochtones, changements qui résultaient souvent eux-mêmes de politiques gouvernementales. L'analyse révèle que si les motifs utilisés pour justifier les réinstallations sont nombreux et difficiles à déterminer, on peut classer les réinstallations en deux grandes catégories : celles qui étaient d'ordre administratif et celles qui étaient liées au développement15. Les réinstallations d'ordre administratif sont des déplacements de populations destinées à faciliter les opérations du gouvernement ou à répondre à des besoins qu'on percevait chez les Autochtones. Comme exemple, peuvent être cité : les Micmacs (Nouvelle-Écosse), les Inuits d'Hebron (Labrador), les Dénés Sayisi (Manitoba) et certaines Premières Nations du Yukon. Pour remettre les autochtones en contact avec la nature pour favoriser l'autosuffisance et les éloigner des influences négatives des établissements non autochtones, il y a les Inuits de l'île de Baffin vers l'île Devon et les multiples déplacements des Inuits du Keewatin et au Québec. Le développement a souvent été utilisé pour justifier les déplacements, et ce partout dans le monde. Les réinstallations sont alors la conséquence de politiques nationales de développement dont le but avoué est principalement le bien des réinstallés ou encore l'implantation de projets industriels. Pour la récupération de terres à des fins agricoles, comme exemple : les Ojibwas (Ontario) et les Métis de Sainte-Madeleine (Manitoba). Pour la récupération de terres pour l'urbanisation, il y a les Songhees (Colombie-Britannique). Pour la construction de barrages hydroélectriques, par exemple les Cheslattas T'en (Colombie-Britannique), les Cris Chemawawin (Manitoba) et de Fort-George (Québec).
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Assimilation par la déculturationLes réinstallations étaient considérées comme une solution à certains problèmes perçus par le gouvernement ou d'autres organismes. Dans certains cas, la réinstallation accompagnait d'autres changements touchant la vie des Autochtones, changements qui résultaient souvent eux-mêmes de politiques gouvernementales. L'analyse révèle que si les motifs utilisés pour justifier les réinstallations sont nombreux et difficiles à déterminer, on peut classer les réinstallations en deux grandes catégories : celles qui étaient d'ordre administratif et celles qui étaient liées au développement15. Les réinstallations d'ordre administratif sont des déplacements de populations destinées à faciliter les opérations du gouvernement ou à répondre à des besoins qu'on percevait chez les Autochtones. Comme exemple, peuvent être cité : les Micmacs (Nouvelle-Écosse), les Inuits d'Hebron (Labrador), les Dénés Sayisi (Manitoba) et certaines Premières Nations du Yukon.
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Réinstallations d'ordre administratif
Dans les années 1950, tout comme les Micmacs de Nouvelle-Écosse, les Inuits de Hebron et de Nutak au Labrador ont vécu une centralisation forcée. Parce que les gouvernements n'avaient pas le choix de fournir des services à tous les Autochtones, même ceux des régions éloignées, les politiciens décidèrent de regrouper ces populations dans les petites communautés existantes du Sud du Labrador. Bien que l'économie de prédation leur fournissait depuis toujours, tout le nécessaire à une vie heureuse et communautaire, ces Inuits n'eurent d'autres choix que de tenter de s'adapter à la vie des collectivités du Sud. On a même séparé les familles en provenance d'un même village. Cinq familles de Hebron iraient à Nain, 10 à Hopedale et 43 à Makkovik. Cette façon désordonnée de faire les choses a été extrêmement douloureuse pour ces Hebronimiuts. Comme en Nouvelle-Écosse, lors des déménagements, la plupart des nouvelles maisons n'étaient pas encore construites dans les villages d'accueil. Plusieurs familles n'ont eu d'autres choix que de s'entasser dans des logements de piètre qualité. Comme pour toutes réinstallations, peut-être la chose la plus importante, les fonctionnaires n'ont pas tenu compte des liens qui unissent les Inuits au territoire. Paulus Nochasak a très bien résumé la situation :
Malgré l'échec de ce premier plan de réinstallations, dans les années 1950, un administrateur du ministère des Affaires indiennes et du Nord rédige une longue note sur une nouvelle idée de déménagements des populations de l'Arctique. Pour cet auteur anonyme, la solution serait de les déplacer tous, dans deux ou trois villes du Sud du Canada. On pensa en effet, à l'implantation d'un village inuit à Hamilton (Ontario), un autre à Winnipeg (Manitoba) et un dernier près d'Edmonton (Alberta). Ce plan permettrait une meilleure gestion des besoins de ces gens au lieu de les laisser disséminés le long des 15 000 kilomètres de côtes de l'océan Arctique. Quant à leur civilisation, il convient de s'y opposer implacablement, en raison du peu d'espoir de la voir évoluer. Voilà un bel exemple d'une certaine idéologie raciste qui régnait parmi les fonctionnaires et les politiciens de l'époque. Heureusement, cette idée que l'on peut qualifier d'ethnocentriste, n'a jamais été mise en application.
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Vie et culture dans l'Arctique
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inukshuk |
inukshuk sur la river Ottawa |
Musique
La musique traditionnelle se caractérise par un chant récitatif à ambitus restreint (d'une sixte), une mélodie favorisant les tierces et une rythmique complexe. On y distingue une musique vocale katajjaq et une musique à danser, toujours accompagnées de tambours. Ces productions musicales sont liées au chamanisme (cérémonie pour la chasse ou le jeu) ou à des considérations pratiques (berceuses).
La musique traditionnelle est simple et se caractérise par un chant récitatif à ambitus restreint (d'une sixte), une mélodie favorisant les tierces et une rythmique complexe. On y distingue une musique vocale katajjaq et une musique à danser, toujours accompagnées de tambours. Ces productions musicales sont liées au chamanisme (cérémonie pour la chasse ou le jeu) ou à des considérations pratiques (berceuses). Avant l'arrivée des Européens (surtout Écossais et Irlandais), il n'existait ni chant de travail ni chant de courtoisie ou d'agrément. Depuis, on trouve le piseq (ou piserk), un chant personnel contant la vie quotidienne ou les superstitions.
Le chant de gorge comporte diverses appellations selon les régions :
- Katajjaq ou katadjak – Nunavik, Baffin
- Iirngaaq – Nunavut
- Piqqusiraarniq ou pirkusirtuk – Igloolik, Baffin
- Qiarvaaqtuq – Arviat
- Nipaquhiit – Nunavut
Chanteuses Inuites |
Cuisine
La cuisine inuite traditionnelle est composée d'aliments crus provenant de la pêche et de la chasse. On peut cependant cuisiner du bouillon de renne ou de la viande d'ours polaire, phoque, baleine et, en fonction de ce qu'offre le milieu de vie (banquise, forêt), sont aussi confectionnées des galettes (banniques) faites de farine, de levain et de graisse de phoque.
Séchage du poisson |
Date de dernière mise à jour : 19/11/2024
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