Les Incas ou civilisation Inca
La civilisation inca est une civilisation précolombienne du groupe andin. Elle prend naissance au début du XIIIe siècle dans le bassin de Cuzco dans l'actuel Pérou et se développe ensuite le long de l'océan Pacifique et de la cordillère des Andes, couvrant la partie occidentale de l'Amérique du Sud. À son apogée, elle s'étend de la Colombie jusqu'à l'Argentine et au Chili, par-delà l'Équateur, le Pérou et la Bolivie.
Elle est à l'origine de l'empire inca, l'un des grands royaumes de l'Amérique précolombienne. Cet empire avait pour chef suprême le Sapa Inca. L'empire inca fut conquis par les conquistadors espagnols sous les ordres de Francisco Pizarro à partir de 1532.
Le terme Sapa Inca (qui signifie « Inca principal » en quechua), désigne les empereurs cuzquéniens d'origine quechua durant la civilisation précolombienne des Andes. Le premier Sapa Inca est mythique, Manco Capac, fondateur de la capitale du « Nombril » et de la dynastie de Cuzco qui régnera pendant plusieurs siècles sur un territoire immense en Amérique du Sud.
Manco Capac et son épouse Mama Ocillo
Manco Cápac (en quechua Manqu Qhapaq) ou Ayar Manco fut, selon certains chroniqueurs, le premier empereur du peuple Inca à Cuzco. Il est le principal protagoniste des deux légendes les plus connues sur l'origine des Incas: la "légende de Manco Cápac et Mama Ocllo" et la "légende des frères Ayar".
mama Huaco la guerrière
Il eut comme épouse principale Mama Ocllo, avec laquelle il engendra son successeur Sinchi Roca, et beaucoup d'autres épouses comme Mama Huaco qui passait pour être une femme belliqueuse. S'il est mentionné dans les chroniques et est le point de départ pour expliquer historiquement l'origine des Incas, son existence (ou non existence) reste un mystère.
L'existence historique de Manco Cápac a été mise en doute par certains historiens. Mais la majorité des auteurs le considèrent comme un personnage réel, et fondent leurs arguments sur des preuves telles que la descendance de sa vraie famille nommée Chima Panaca, laquelle avait sa place dans la noblesse Inca jusqu'à la conquête espagnole. Cette conception s'appuie aussi sur des preuves archéologiques telles que le palais de Manco Cápac, "el Inticancha" (appelé aujourd'hui Coricancha), et les chroniques. On admet aujourd'hui que Manco Cápac fut un personnage historique.
Légende de Manco Cápac et Mama Ocllo
Cette légende raconte que Manco Cápac et Mama Ocllo, enfants du dieu soleil Inti (lui-même fils de Viracocha, le dieu créateur), frère et sœur et mariés l'un à l'autre, seraient nés de l'écume du lac Titicaca, avec la mission d'apporter la civilisation aux hommes après le grand déluge qui avait tout dévasté et de fonder la capitale du futur empire dans un lieu fertile. Cette capitale serait établie à l'endroit où s'enfoncerait la crosse sacrée de Manco Cápac, ce qui se produisit dans la vallée de la rivière Huatanay, là où se situe Cuzco, qui signifie « nombril du monde » en langue quechua. Manco Capac enseigna alors aux hommes l'agriculture et l'artisanat et Mama Ocllo enseigna aux femmes l'art du tissage. Pour remercier le soleil, Manco Capac et Mama Ocllo décidèrent de construire le temple du soleil. Il ordonna ensuite une assemblée des tribus voisines et se présenta comme le fils de Dieu et comme un grand civilisateur.
Cependant, par manque de tradition écrite, hormis celle qui débuta avec la publication de l'œuvre Comentarios Reales de los Incas (commentaires royaux des Incas) de l'écrivain Inca Garcilaso de la Vega, l'authenticité de cette légende en tant que légende inca est mise en doute. Certains affirment même qu'il fut l'auteur de cette légende vers 1609.
Manco Cápac est le protagoniste des deux légendes les plus connues sur l'origine des Incas, cependant l'histoire officielle a sa propre version basée sur des chroniques.
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L'une des grandes singularités de cet empire fut d'avoir intégré, dans une organisation étatique originale, la multiplicité socioculturelle des populations hétérogènes qui le composaient.
Premiers peuplements
Les premières traces humaines en Amérique du Sud datent du quatorzième millénaire avant notre ère. Vivant de chasse et de cueillette, ces peuples nomades s'intéressaient progressivement à l'agriculture. Les propriétés nutritionnelles du maïs, cultivé dès le troisième millénaire dans la région d'Ayacucho , permettaient d'accroître son importance.
La région d'Ayacucho (en espagnol : Departamento de Ayacucho) est l'une des 24 régions du Pérou. Elle est divisée en 11 provinces. Sa capitale est la ville d'Ayacucho.
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Civilisation Chavín
Le développement de l'agriculture entraîna des changements sociaux importants : la population explose, des villes apparaissent et une élite religieuse se crée. Le premier millénaire avant notre ère voit ainsi s'épanouir la civilisation Chavín, unissant dans un style artistique commun de nombreuses cultures locales, probablement grâce à un culte unique dont un élément caractéristique est l'image du jaguar.
Tiwanaku et Huari
Entre le 1er et le 8ème siècle, l'unité créée par la civilisation Chavín disparut au profit de cultures plus locales (Mochica, Paracas-Nazca, Tiwanaku). Le développement agricole, notamment l'irrigation et l'aménagement de terrasses, continue. À partir du VIIIe siècle, deux villes des hautes terres rayonnent particulièrement et regroupent sous leur bannière les peuples andins : Tiwanaku vers le sud jusqu'au nord du Chili et Huari vers le nord
Tiwanaku Huari
Empire Chimú
La civilisation chimú fut une importante civilisation précolombienne pendant plusieurs siècles, de 1000 à 1470.
Les États de Tiahuanaco et Huari s'effondrent brusquement au XIIe siècle. À nouveau, le régionalisme prévaut dans un premier temps, puis de nouvelles tentatives d'intégration impérialistes ont lieu. Ainsi, vers le milieu du XIIIe siècle, le peuple Chimú initie la création d'un nouvel empire, sur la côte nord du Pérou actuel, fondé sur l'aménagement hydraulique. L'Empire Chimú s'étend le long de la côte jusqu'à l'actuelle frontière équatorienne, et il entre inévitablement en rivalité avec l'empire inca, l'autre grand empire andin du XVe siècle, ce qui lui sera fatal.
Vase chimú en céramique monochrome avec scène sexuelle,
Origines de l'ethnie inca
Différents témoignages ont été recueillis quant à l'origine des Incas. Selon la légende de Manco Capac et Mama Ocllo, les Incas descendent de Manco Capac. Plusieurs versions de cette légende en font la création de Viracocha et de Inti, le dieu du soleil, le faisant naître près de Cuzco (légende de Pacaritambo) ou sortir du lac Titicaca avec sa sœur-épouse Mama Ocllo, envoyés par Viracocha, le dieu créateur, pour apporter la civilisation aux hommes après le grand déluge qui avait tout dévasté.
représentation du Dieu Viracocha à Puerta del Sol
Selon cette dernière version, ils voyagèrent jusqu'à ce que le bâton magique en or de Manco s'enfonce totalement dans la terre pour leur désigner le lieu où s'établir : la terre de ce lieu serait suffisamment riche pour les accueillir. C'est là qu'ils fondèrent la première ville inca qui deviendra Cuzco, c'est-à-dire le « nombril » en quechua. Manco Capac enseigna alors aux hommes l'agriculture et l'artisanat, et Mama Ocllo enseigna aux femmes l'art du tissage.
lac Titicaca coté Bolivie
Origine admise par les scientifiques
À l'heure actuelle, l'origine géographique des premiers Incas reste discutée, l'hypothèse communément admise étant qu'ils provenaient des rives du lac Titicaca, à la frontière du Pérou et de la Bolivie. Le rapprochement est souvent évoqué avec la civilisation méconnue de Tiahuanaco (en Bolivie). Les Incas seraient donc un groupe d'hommes menés par Manco Capac ; après une migration vers le nord, celui-ci s'allie avec quelques communautés quechuas pour déloger les habitants de la vallée de Cuzco. Ce sont dès lors tous les descendants de ces premiers colons ainsi que leurs alliés qui sont considérés comme Incas.
Hypothèse amazonienne
D'autres sources évoquent une origine amazonienne. La présence des incas en Amazonie est attestée par la découverte de la cité agricole inca de Mameria par deux explorateurs franco-péruviens en 1979, Nicole et Herbert Cartagena, en compagnie du péruvien Goyo Tolédo. L'analyse d'un morceau de charbon trouvé à Mameria, effectuée par Grégory Deyermenjian, donne une datation de 1345 après JC, avec une plage d'erreur allant de 1240 à 1500 après JC. Cette datation laisse donc les deux hypothèses ouvertes d'une occupation Inca, ou Huari tardif (empire pré-Inca de culture Quechua).
carte de la région de Mameria et Nicole et Herbert Cartagena
Enfin, les ruines récemment trouvées par l'équipe franco-péruvienne Inka LLacta / P.E.P6 en 2015 montrent une occupation probablement Huari à proximité de Mameria (cordillère du Toporake), dans la vallée Nord-Lacco et dans le parc du Megantoni.
Histoire de l'empire inca
À leur arrivée dans la région de Cuzco, les Incas ne sont qu'une tribu parmi d'autres dans une confédération locale, occupant dans un premier temps un rang subordonné. Leur position de chefs militaires dans la confédération leur permet de gagner progressivement de l'influence lors des règnes successifs de Sinchi Roca, Lloque Yupanqui, Mayta Capac et Capac Yupanqui. Finalement, à la mort de Capac Yupanqui, Inca Roca s'empare du contrôle de la confédération.
Yahuar Huacac puis Viracocha Inca étendent la domination inca. Néanmoins, le territoire inca ne dépasse pas un rayon de 40 km autour de Cuzco. En 1438, lors d'une guerre avec la tribu voisine des Chancas, Viracocha abandonne la capitale, mais son fils Pachacutec la défend avec succès et défait les Chancas. C'est le début de l'expansion extrêmement rapide de l'empire.
Le fils de Pachacutec, Tupac Yupanqui et son fils après lui, Huayna Capac, repoussent les frontières de l'empire du Chili au Sud de la Colombie. L'empire est à son apogée.
En 1532, ...180 conquistadors espagnols débarquent et commencent la conquête de l'empire inca. Bien que peu nombreux face aux armées incas de plusieurs dizaines de milliers de soldats, cette conquête est très rapide. Les historiens expliquent cela par une combinaison de plusieurs raisons :
- la guerre de succession consécutive à la mort de Huayna Capac en 1527,
- la rapide capture du nouvel empereur Atahualpa,
- la supériorité militaire des Espagnols, tant en termes d'armement (chevaux, armures en métal et armes à feu) que de stratégie,
- leur habileté diplomatique à soulever contre l'empire des tribus locales ainsi que l'assimilation par les Incas des Espagnols à des dieux annoncés par des prophéties.
La conquête espagnole s'accompagne de nombreux pillages et de massacres. La colonisation qui s'ensuit engendre une catastrophe démographique majeure : la population de l'empire inca, estimée entre 12 et 15 millions de personnes avant la conquête, est d'environ 600 000 un siècle plus tard. L'exploitation des indigènes et leur manque de défenses immunitaires contre les maladies apportées par les Espagnols en sont les principales raisons.
Prisonnier de Pizarro, Atahualpa lui donna tout son or en échange de sa libération. Pizarro prit l'or mais fit tout de même exécuter l'empereur le 29 août 1533.
Les Incas se rebelleront tout de même plusieurs fois, notamment en 1536 sous le commandement de Manco Inca. La ville de Vilcabamba devient le centre d'un noyau de résistance inca qui y subsistera jusqu'en 1572Favre 13. La résistance aura un sursaut aux XVIIe et XVIIIe siècles ; le plus important épisode sera celui de Túpac Amaru II en 1780, toujours avec l’objectif avorté de restaurer l’empire inca.
Chronologie des souverains incas
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Manco Cápac
(en quechua Manqu Qhapaq) ou Ayar Manco fut, selon certains chroniqueurs, le premier empereur du peuple Inca à Cuzco. Il est le principal protagoniste des deux légendes les plus connues sur l'origine des Incas: la "légende de Manco Cápac et Mama Ocllo" et la "légende des frères Ayar".
Il eut comme épouse principale Mama Ocllo, avec laquelle il engendra son successeur Sinchi Roca, et beaucoup d'autres épouses comme Mama Huaco qui passait pour être une femme belliqueuse1. S'il est mentionné dans les chroniques et est le point de départ pour expliquer historiquement l'origine des Incas, son existence (ou non existence) reste un mystère.
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Sinchi Roca 1230 - 1260
Fils aîné de Manco Cápac et de Mama Ocllo, le mythique fondateur de l'empire Inca, Sinchi Roca est né dans la région de Tampuquiro, au sud de Cuzco.
Il s'agit d'un personnage semi-légendaire, dont le règne, selon les sources, se déroula dans un calme relatif, étant donné que Sinchi Roca était un empereur plutôt pacifique. Toutefois il est fait état de plusieurs affrontements contre les Quechuas de Nurín et Pumatamtu, ainsí qu'une tentative d'expansion vers les terres actuelles du Chili.
À sa mort, son fils Lloque Yupanqui lui succède. Il n'est pas son fils aîné ce qui rompt avec la règle de succession qu'avait institué Manco Cápac.
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Lloque Yupanqui 1260 - 1290
Lloque Yupanqui était le troisième souverain inca du royaume de Cuzco. Son existence est semi-légendaire, comme celle des sept premiers rois incas.
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Mayta Cápac 1290 1320
en Quechua: Mayta Qhapaq cela signifie Et où est le puissant?) il était le quatrième souverain du Royaume de Cusco , lorsque Lloque Yupanqui est mort, Mayta Capac était encore trop jeune pour prendre le pouvoir, de sorte que son oncle a pris le contrôle jusqu'à sa majorité
Il est né à Cusco, peut - être dans le Inticancha, comme le seul fils de Lloque Yupanqui et Mama Cahua.
Adulte il s'est marié à Mama Tacucaray, fille de Curaca la Seigneurie de Collagua.
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Capac Yupanqui 1320 - 1350
(Quechua : Qhapaq Yupanki ) était le cinquième inca (~1320/~1350) du royaume de Cuzco. Son prédécesseur était son oncle Mayta Capac. Il fut le dernier souverain de la dynastie des Hurin Cuzco. On ne possède pas de preuve de l’existence des sept premiers rois incas, l'histoire de Capac Yupanqui est donc semi-légendaire.
Capac Yupanqui est le fils de Curuyaya, la sœur de Mayta Capac. Son cousin Tarco Huaman est l’héritier naturel du trône, mais Capac Yupanqui ourdit un complot contre lui pour prendre le pouvoir.
Pour s’y maintenir, il dut recourir à une série d’assassinats. Il fit tuer neuf frères de Tarco Huaman, en obligea d’autres à lui jurer fidélité et fit exiler un troisième groupe. À son arrivée au pouvoir, le royaume avait déjà acquis une puissance appréciable, mais Capac Yupanqui décida de reprendre l’expédition dans le Kunti Suyu qui avait été interrompue par la mort de son oncle. Deux batailles victorieuses permirent d’occuper une partie du pays Kunti. Il reçut une ambassade envoyée par le seigneur de l’ethnie quechua (Abancay) qui demandait l’aide des incas contre les puissants Chancas d’Andahuaylas. Ceux-ci menaçaient de les envahir et de détruire leur royaume.
Cette marque de déférence a contribué à augmenter le prestige des incas auprès des autres peuples de la région. À l’époque de Capac Yupanqui, deux autres royaumes étaient en expansion : au nord les Chancas et au sud les Collas. Le royaume de Cuzco, malgré la déroute des Kuntis, restait de dimensions modestes.
Capac Yupanqui conquit par la suite les populations du Cuyoyanca (à 22 km de Cuzco). Pour gouverner ce territoire, il nomma son cousin Tarco Huaman comme tucricu (gouverneur), avec pour charge de remettre chaque année mille cages d’oiseaux de la selva et de la puna. Ces oiseaux étaient utilisés dans les cérémonies et les rituels, et leurs plumes multicolores servaient à la confection des habits du monarque. Du fait du prestige acquis par les incas, les aymaras, leurs anciens ennemis, demandèrent une alliance et pour ce faire lui offrirent comme épouse à Curi Hilpay, la fille du curaca, qui vint rejoindre le harem de Capac Yupanqui. Selon la tradition, une autre des épouses de Capac Yupanqui, Cusi Chimbo, motivée par la jalousie fit empoisonner le monarque. La disparition de ce dernier provoqua une crise successoriale. Cusi Chimbo fut l’instrument d’un complot dirigé par son fils, le futur Inca Roca. L’anarchie fut exploitée par les Chancas, qui envahirent le royaume. Avec la mort de Capac Yupanqui s’achevait la prédominance des Hurin Cuzco. De son vivant, Capac Yupanqui avait désigné comme successeur son fils Quispe Yupanqui. Mais Quispe Yupanqui mourut dans le chaos provoqué par la mort de son père et son nom fut supprimé de l’histoire officielle par les Hanan Cuzco.
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Inca Roca 1350 -1380
( Quechua : Inka Roq'a) était le sixième souverain du Royaume de Cusco , première dynastie Inca Hanan Cuzco, arrivé au pouvoir par un coup d' Etat contre l'Inca Capac Yupanqui rétablissant ainsi la dyarchie qui était de donner le gouvernement à la dynastie Hanan, et le sacerdoce à la dynastie Húrin.
Il a été le premier à être appelé Inca (gouverneur suprême). Inca Roca a dû quitter le Inticancha et vivre dans sa propre maison et quitter ce temple à la dynastie Húrin, qui a depuis été responsable de la prêtrise. De lui, leurs descendants vivent dans leur propre palais, et non plus dans le Inticancha.
Il a attaqué les groupes ethniques des Masca, des Cautomarca et des Quiquijana, même battu le Pinaguas définitivement (ce fut une grande victoire en considérant que la Pinagua était la moitié de la seigneurie puissante de Ayarmaca ).
Il a engagé les armées des groupes ethniques de Canas et Canchis pour combattre à Chancas , il a réussi à empêcher son expansion pendant un certain temps, ce qui était en fait une erreur parce qu'ils voulaient pour attaquer les Ayarmarcas et non pas les Incas (encore).
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Yahuar Huacac 1380 -1400
Son nom lui viendrait d'une histoire qui lui serait arrivée à l'âge de huit ans. Enlevé par les Ayarmaca, il aurait pleuré des larmes de sang pour protester contre son état. Il aurait finalement réussi à s'échapper avec l'aide de la maîtresse d'un de ses ravisseurs.
Il est également possible que ce soit simplement une maladie oculaire contractée pendant l'enfance qui soit à l'origine de ce nom.
Dans tous les cas, ce signe fut considéré comme un mauvais présage, ce qui le rendit extrêmement prudent au pouvoir.
Contrairement à ses prédécesseurs, il ne fut donc pas très brillant et fut déposé par son fils après avoir fui Cuzco devant l'avancée des Chancas.
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Viracocha Inca 1400 - 1438
Viracocha est le huitième empereur inca. Il régna environ de 1400 à 1438.Nommé dans son enfance Hatun Tupac, il est le fils de Yahuar Huacac et de Mama Chicya Qoya.
Il assoit la domination inca dans un rayon de 40 kilomètres autour de Cuzco.Son règne voit l'affrontement final avec la puissante tribu des Chancas. Mais les chroniqueurs sont divisés sur son rôle, certains comme Inca Garcilaso de la Vega, raconte que son père Yahuar Huacac, devant l'avancée des armées adverses, trouve refuge dans la citadelle de Calca. L'un de ses fils, Viracocha Inca, nommé ainsi à cause d'une vision qu'il aurait eue du dieu inca Viracocha, mobilise les tribus alliées et met les Chancas en déroute. Il dépose son père et renforce le pouvoir des Incas sur les hauts plateaux. D'autres, comme Pedro Cieza de León ou Juan de Betanzos, pensent que c'est Viracocha qui s'est enfui et que c'est son fils Pachacuti Yupanqui qui bat les Chancas.
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Pachacuti Yupanqui ou Pachacutec 1438 - 1471
empereur inca (règne 1438-1471), nommé Cusi Yupanqui de sa naissance à sa prise de pouvoir. Il était fils de Viracocha Inca et de Mama Runtu Qoya.
Selon certaines chroniques, il fut jusqu'à l'adolescence un jeune homme si turbulent qu'il provoqua l'inquiétude de son père Viracocha Inca qui considérait qu'un bon souverain ne pouvait être que de caractère doux comme ses prédécesseurs. Les années passant, l'inquiétude se changea en colère, le prince Kusi Yupanqui fut condamné à l'exil: il lui incomberait désormais de garder des troupeaux dans les alentours du Cuzco, son père choisirait un autre successeur. La légende veut qu'un jour, dans son exil, lui apparut un homme à l'aspect étrange, barbu et vêtu de blanc, portant en ses mains un animal inconnu. Cet homme le prévint qu'un danger pesait sur le royaume, une armée se préparait au nord du Cuzco. Le jeune prince, inquiété par ce message, brava la décision de son père et accourut à Cuzco pour relater l'incident. Furibond, le souverain ne voulut rien entendre, renvoya son fils et décida de faire la sourde oreille à toute nouvelle suspecte en provenance du nord.
À la suite de cet épisode, le jeune prince reprit son exil, cette fois la disgrâce semblait complète. Il ne s'écoula pourtant que peu de temps avant qu'il ne vît dans la campagne des gens en fuite. La population de Cuzco et de ses alentours fuyait la capitale. Surpris, le jeune prince interrogea les fuyards : les Chancas avaient rassemblé une armée, ils venaient mettre le royaume à feu et à sang (les incas gagnèrent quand même la bataille de Jaquixahuana avant que les Chancas arrive à Cusco), Viracocha, qui n'avait rien voulu entendre des avertissements de son prince héritier, avait dû fuir avec sa cour. Le prince écœuré ne put se résigner à abandonner la ville sacrée. Il prit les armes et ordonna aux fuyards de se joindre à lui. L'espoir revint dans le camp inca, de proche en proche une armée se constitua, le prince demanda leur soutien aux tribus alliées.
La bataille décisive eut lieu à Yahuar Pampa (llawar pampa signifie « plaine de sang » en quechua), les Incas inférieurs en nombre refusaient de se rendre sans combattre. Alors que le combat s'engageait, les renforts Incas affluèrent de toute part, les Chancas furent submergés. Les Incas dirent ensuite que lors de cette bataille, les pierres de la plaine s'étaient changées en guerriers pour leur venir en aide. Cette victoire conféra un prestige sans précédent au trône Inca et en particulier au prince Kusi Yupanqui. Après la bataille, ce dernier alla retrouver son père qui abdiqua en sa faveur. Kusi Yupanqui changea son nom en Pachacutec (pacha kutiq en quechua, littéralement « celui qui retourne tout », c'est-à-dire « le réformateur », et même littéralement « le révolutionnaire », au sens étymologique du mot révolution).
Doté d'un grand talent militaire, Pachacutec initia l'expansion fulgurante du grand empire inca. Au nord il conquit le royaume Chimu, au sud il poussa jusqu'à la vallée de Nazca. Ouvrant ainsi une ère de conquête, il réunit en un seul État la plupart des royaumes des Andes.
Afin d'imposer son pouvoir sur une mosaïque de plus de 500 tribus, avec des coutumes, des langues et des religions très différentes, il n'hésita pas à réprimer très durement toute tentative de rébellion. Mais il ne fut pas qu'un conquérant sanguinaire, il fut aussi un remarquable gestionnaire, dotant son immense empire d'une solide et efficace structure administrative. Ainsi il réorganisa toutes les cités conquises sur le modèle inca et donna le pouvoir à une caste de fonctionnaires qui ne rendait des comptes qu'à Cuzco, la capitale de l'empire.
Vers 1463, Pachacutec confia la direction des opérations militaires à son fils Tupac Yupanqui, tandis qu'il se consacrait à l'érection de certains des monuments les plus emblématiques de l'architecture inca, comme le temple Coricancha (quri kancha en quechua, littéralement « enclos d'or ») à Cuzco, la forteresse de Sacsayhuaman et le Machu Picchu, la citadelle surplombant la rivière Urubamba.
On lui attribue aussi l'adoption de la culture en terrasses, qui caractérise le système agricole inca.
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« Pucamarka »
« Orejones »
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Tupac Yupanqui 1471 - 1493
Un général brillant
Fils de Pachacutec, Tupac Yupanqui est nommé héritier du trône vers l'âge de 15 ans. Durant le règne de son père, c'est un grand général qui, par ses conquêtes, permet à l'empire inca d'atteindre son maximum d'extension. Au nord, il soumet les Cañares pour étendre sa domination sur la presque totalité de l'actuel Équateur ; le royaume des Chimus tombe entre ses mains et, avec lui, toute la côte jusqu'à Lima ; au sud, malgré la résistance des guerriers Araucans, Túpac Yupanqui repousse les frontières de l'Empire jusqu'au río Maule, au cœur de l'actuel territoire chilien.
Au départ c'est son frère ainé Amaru aussi appelé par certain « Yamque » qui est désigné « dauphin » de leur père Pachacutec. Amaru va d'ailleurs co-régner avec son père pendant une période de 5 à 6 ans, avec déjà droit de faire construire son palais « Hatun kancha ». Amaru est un fils obéissant, sérieux qui s'efforce de satisfaire son père en tout. Mais, cet essai se révèlera infructeux, il ne satisfait pas pleinement Pachacutec, d'autant que des échos de succès et de talents innés lui arrivent des campagnes et missions confiées à son second fils Tupac.
Tupac Yupanqui est alors rappelé vers Q'osqo (Cusco) la capitale, jaugé sur place il lui est proposé de devenir l'héritier et de co-régner en attendant avec Pachacutec. Ce qu'il accepte.
Son frère lui laisse la place. Toutefois, il semble que même s'il n'a pas atteint le niveau qu'attendait son père, il ne tombe pas en disgrâce. Il garde une position importante dans l'État aux côtés de son père et de son frère. Il peut garder son palais et la formation de grand lignage facultés attribuées généralement à l'Inca régnant. Il passe en quelque sorte du statut d'Inca-co régnant à celui de vice-Inca de son frère.
Tupac fait construire alors son propre palais le « Pucamarka » ou « palais pourpre », dans le Hanan Q'soqo (Haut Cusco) et choisit pour « coya », épouse, sa sœur Mama Occllo aussi appelée Tucta Cuca dont il a notamment un fils qui lui succèdera à son tour sous le nom de Wayna Capac ou Huayna Capac.
En 1471, Tupac Yupanqui revient à Cuzco et monte sur le trône que son père vieillissant lui lègue.
Tupac se lance dans de grandes campagnes terrestres et même maritimes et donne au territoire inca et sa plus fulgurante et sa plus grande extension.
Selon l’historien péruvien Del Busto Duthurburu, qui a retracé un document rédigé par le conquistador Gamboa, l’Inca Tupac aurait effectivement réalisé une expédition d’envergure dans le Pacifique.
Selon Duthurburu, les deux îles abordées par Tupac seraient fort probablement les deux îles les plus proches du continent sud-américain, soit Mangareva, l’île principale de l’archipel des Gambier, et l’Île de Pâques.
D'après Jean Hervé Daude, les soldats de la garde d’élite de l’Inca suprême, surnommés « Orejones », par les Espagnols, c’est-à-dire « Longues oreilles », auraient été à l’origine de l'arrivée du fameux peuple des « Longues oreilles » tel que rapporté par la tradition orale des habitants de l'île de Pâques. Ces nouveaux arrivants avaient les oreilles percées et fortement distendues pour l'insertion de grands ornements. Différents des Polynésiens sur l'Île, ils étaient trapus et furent qualifiés de « Hanau Eepe », alors que les Polynésiens se qualifiaient d'hommes minces: les « Hanau Momoko », .
Ennoblis par l’Inca suprême, ces Orejones avaient le privilège de porter des pendentifs qui permettaient de leur allonger les lobes d’oreilles. Originaires des hauts plateaux andins, ils étaient d’apparence trapue. Cette deuxième migration aurait été extrêmement significative dans l'histoire de l'Île de Pâques. Les Incas seraient arrivés sur l'Île avec une expertise poussée en architecture monumentale et ils aurait été les instigateurs de la construction des différents monuments de pierre. Des comparaisons entre des monuments de l'île, inconnus ailleurs en Polynésie, et des monuments andins ont permis de trouver une équivalence.
L'étendue de l'empire, la géographie et la diversité des cultures rend fragile l'autorité de l'Inca. Des intrigues de cour pour le pouvoir, la course à la succession au sein de l'aristocratie Inca et de sa propre famille génère ainsi des complots contre l'empereur et Tupac Yupanqui meurt assassiné (probablement empoisonné) en 1493.
Pendant son règne, une prédiction, qui s'est étrangement réalisée, avait assuré que le XIIIe empereur des Incas serait le dernier. Le destin d'Atahualpa lui donna raison.
Tupac Yupanqui dote ses États d’une solide administration, d'un réseau routier très développé qui franchit des cols élevés, reliant les différentes provinces et permettant une rapide transmission des ordres du pouvoir central aux nombreux fonctionnaire locaux. Sous son règne, une élite est formée dans les écoles de la capitale pour gérer l’administration. Ces « oreillards », nommés ainsi en raison des lourds anneaux qu’ils portent aux oreilles, jouissent de biens personnels assez considérables.
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Huayna Capac 1493 - 1527
successeur de Tupac Yupanqui, père de Huascar, Atahualpa, de Tupac Huallpa, de Manco Inca Yupanqui et de Paullu Inca.
Huayna Capac consacre son règne à étendre le Tahuantinsuyu, l'Empire inca. Pendant de nombreuses années, lui et ses armées se battent dans le nord de l'empire et envahissent l'actuel Équateur. Ils ne sont stoppés que vers l'est par leur défaite contre les Shuar à la lisière de l'Amazonie. La conquête les conduit jusqu'au sud de ce qui est aujourd'hui la Colombie. La capitale étant loin dans le sud à Cuzco, Huayna veut établir une base nordique dans la ville de Quito.
Vers 1525 ou 1527, Huayna Capac se trouve sur le territoire actuel de la Colombie, lorsqu'il meurt terrassé par une maladie mystérieuse (certainement la variole) apportée par les conquérants espagnols. Son corps fut momifié et ramené à Cuzco. Son héritier Ninan Cuyochi et des milliers de ses soldats le suivent dans la tombe.
Huascar est déjà en train de comploter contre Ninan lorsqu'il apprend sa mort. Il prend rapidement le pouvoir à Cuzco et fait arrêter Atahualpa. Mais Atahualpa s'échappe avec l'aide d'une petite fille et trouve de l'aide auprès du meilleur général de Huayna Capac qui se trouve être près de Quito. Une guerre civile s'ensuit, dont Atahualpa sort victorieux, mais à la même époque les conquistadors espagnols débarquent en Amérique du Sud.
Par duperie, les Espagnols capturent Atahualpa avant qu'il ne retourne à Cuzco. Une série d'erreurs de la part de ses généraux après sa capture mènent rapidement à la chute de l'empire.
Huayna Capac est le dirigeant des Incas dans le jeu vidéo Civilization IV. Il l'est aussi dans le jeu vidéo Empire: Total War. Son nom sous la forme hispanisante "Guyana Capac" devient le nom de la cité mythique des Incas, perdue au milieu de l'Amazonie dans la BD Long John Silver.
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Huascar 1527 - 1532
Inti Cusi Huallpa Huascar (en quechua : Waskhar, qui signifie Fils de la joie) (1491 – 1533) fut Sapa Inca (empereur) de l'empire inca de 1527 à 1532, succédant à son père Huayna Capac et à son frère Ninan Cuyochi, tous deux morts de la variole lors d'une campagne près de Quito. Huascar était souverain du Cuzco à l'arrivée des Espagnols au Pérou, en 1532.
L'un des fils de Huayna Capac et d'une princesse du Cuzco, il est désigné par la noblesse du Cuzco comme successeur légitime à la mort de son père, en 1525.
Cette décision est contestée par la noblesse de Quito, qui lui préfère son demi-frère Atahualpa. Il s'ensuit un partage du Tahuantinsuyu entre les deux clans. Au statu quo succède une guerre civile qui finit avec la prise du Cuzco par les quiténiens. Huascar est capturé et jeté en prison, son clan est massacré et poursuivi.
En 1532, alors qu'Atahualpa est séquestré par les Espagnols, ce dernier commande l'assassinat de son demi-frère pour s'assurer de sa victoire. Cet acte renforce les dissensions et la rancœur entre quiténiens (Quito) et cuzquéniens (Cusco), et facilite ainsi l'enracinement du pouvoir espagnol dans un pays divisé.
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Atahualpa
général Chalcuchimac
général Quizquiz
général Ruminahui
Huayna Capc
Francisco Pizarro
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Atahualpa 1532 - 1533
Atahualpa (1497, 1500 ou 1502- 1533) est le dernier empereur de l'Empire inca indépendant. D'abord implanté dans la partie nord du royaume, une région dont les principales villes sont à l'époque Quito et Tomebamba, il s'empare du trône impérial de Cuzco après sa victoire lors de la guerre fratricide qui l'oppose à son demi-frère Huascar pour le pouvoir après la mort de leur père Huayna Capac. Sa victoire coïncide toutefois avec l'arrivée au Pérou des conquistadors espagnols menés par Francisco Pizarro, par lesquels il est capturé en 1532 lors de la bataille de Cajamarca, puis exécuté en 1533.
Fils d'une princesse de l'ancien du Royaume de Quito et du Sapa Inca Huayna Capac, Atahualpa naît dans le royaume de Quito vers 1500. Lorsque son père décède, la succession au trône reste incertaine, le fils désigné par Huayna Capac ayant été emporté par une épidémie de variole. Dans l'incertitude, Huascar dont la mère est une princesse de Cuzco est couronné. La noblesse du nord de l'Empire étant hostile à cette décision décide de couronner Atahualpa comme Sapa Inca. Le prince régnera ainsi deux années sur les provinces du nord de l'Empire où il est honoré et respecté comme souverain unique. Un statu quo se maintient jusqu'à ce que les généraux quiténiens (Quito) arrivent à persuader le prince de monter sur le trône de Cuzco : l'Empire ne doit pas rester divisé. Les généraux Quizquiz, Chalcuchimac et Rumiñahui sont à la tête des armées de Quito, les hostilités s'ouvrent ainsi. Après des mois de guerre civile, les armées de Huascar sont presque défaites. Atahualpa semble pouvoir devenir le 13e empereur inca du Tahuantinsuyu (l'Empire inca), il est en route pour Cuzco lorsqu'il reçoit la nouvelle du débarquement des hommes blancs et barbus dans la baie de Tumbes. Le prince fait surveiller les étrangers et on rapporte déjà de nombreux abus de leur part.
L'arrivée des conquistadores
Le 16 novembre 1532, après quelques pourparlers, Atahualpa est invité par le conquistador espagnol Francisco Pizarro, dans le village de Cajamarca, au nord de l'actuel Pérou.
L'empereur Atahualpa se rend à proximité de Cajamarca entouré de sa cour et escorté de ses armées triomphantes, celles-ci sont suffisamment nombreuses pour encercler toute la ville et camper sur tous les flancs de la vallée. Pour convaincre Atahualpa de le rencontrer, Pizarro lui propose de l'aider dans la lutte qui l'oppose à son frère Huascar. Méfiant, Atahualpa accepte néanmoins et convient d'une entrevue à laquelle indigènes et Espagnols doivent se rendre sans armes.
N'ayant pas décelé le piège, l'Inca se rend en très grande pompe dans la ville de Cajamarca : il souhaite impressionner les étrangers. Dans sa litière d'or, portée par les plus nobles princes de l'Empire, le « Fils du Soleil » est escorté par pas moins de 30 000 hommes et femmes de sa cour et de son armée. Un prêtre espagnol présente une bible au prince en lui demandant s'il accepte de suivre la « parole du Dieu unique ». Atahualpa se saisit du livre et le porte à son oreille. Celui-ci s'exclame qu'il n'entend aucune parole et jette le livre à terre. Erreur fatale : pour les Espagnols, le sacrilège sera le prétexte qu'ils attendaient pour capturer le prince, et ils donnent alors le signal de l'attaque.
Cachés dans les maisons de la ville, les Espagnols en armes se ruent sur les Incas, venus désarmés. Ayant attaché des grelots aux jambes de leurs chevaux et tirant en tout sens avec leurs fusils, ils créent une véritable panique chez les Incas, ceux-ci tentent de s'enfuir de la place dont les issues sont trop petites, beaucoup sont déjà piétinés. Les Espagnols finissent par se saisir du souverain inca et le font prisonnier. Mais cela ne semble pas suffire aux Espagnols qui, jusqu'à la nuit tombée, pourchassent les indigènes dans toute la vallée, laissant derrière eux plus de vingt mille cadavres dont une grande partie de la noblesse et de l'élite impériale venue en paix.
Voyant que les Espagnols portaient un intérêt spécial aux métaux précieux, le prince propose pour sa libération une fabuleuse rançon en or et en argent. Les Espagnols acceptent. Sur ordre du souverain, les sujets apportent de tout l'Empire une quantité extraordinaire d'or et d'argent, les temples sont vidés (on parle alors de 12 tonnes d'or et d'argent).
Pendant sa détention, Atahualpa reçoit des nouvelles de ses armées : le prince de Cuzco, Huascar est fait prisonnier et est enfermé au Sacsahuaman, Atahualpa qui semble croire que les Espagnols vont le libérer, ordonne de faire exécuter son rival. (On peut considérer qu'Atahualpa fait la même chose à son rival étant donné qu'Huascar avait demandé auparavant l'exécution de son demi-frère).
Funérailles d'Atahualpa.
Après versement de la rançon, les Espagnols, ayant pris la mesure de la puissance du prince en son royaume, commencent à penser que cet homme qui a tant de prestige et d'autorité sur son peuple finira tôt ou tard par reprendre le dessus sur eux. Les Espagnols les plus radicaux proposent d'exécuter le prince et de placer un empereur fantoche à sa place, lequel sera plus manipulable. Pizarro, à contrecœur, doit condamner Atahualpa qu'il a appris à estimer. Le prince est donc condamné à être brûlé sur un bûcher. Les Espagnols l'estimant le supplient de se convertir, auquel cas il sera garrotté et non brûlé ; Atahualpa accepte. L'exécution a lieu dans sa cellule le 29 août 1533.
L'Empire inca est anéanti. Les Espagnols poursuivront leur plan en plaçant sur le trône Manco Inca aussi appelé Manco Capac II, qui par la suite mènera une grande rébellion.
Après l’exécution de l’empereur Atahualpa, l’Empire Inca est anéanti. Les Espagnols le remplacent par Manco Capac II (ou Manco Inca), demi-frère d'Atahualpa et d’Huascar. Au départ, le plan des Espagnols était de renverser l’empereur Atahualpa afin d’instaurer un monarque plutôt fantoche et plus facilement manipulable. Malgré cela, le nouvel empereur Manco Capac II s’est rebellé contre les conquistadors et réussit à renverser pendant quelque temps la puissance des Espagnols. Après la guerre de résistance, les conquistadors amplifient leur puissance militaire au Pérou et Manco Capac II sera finalement assassiné par le fils de Diego de Almagro.
L'historienne Tamara Estupiñán Viteri, chercheuse à l’Institut français des études andines, est convaincue que la dépouille d'Atahualpa se trouve sur un site archéologique qui a été découvert dans la région de Sigchos, dans l’actuelle province de Cotopaxi en Équateur. Entre 2004 et 2010, Tamara Estupiñán Viteri y découvre les premiers vestiges, et à proximité, un lieu-dit appelé Machay qui signifie l’« endroit où repose le malqui » (« empereur » en quechua). Les ruines apparentes sont constituées d’un bassin, alimenté par des canaux, surmonté d’une plateforme ou d’un ushnu, une sorte d’oratoire solaire où pouvait s’asseoir l’Inca, et d’une place en forme de trapèze. Une campagne de fouilles ont débuté en avril 2012
Aux yeux de nombreux habitants des pays andins, le prince Atahualpa reste une figure historique très estimée en raison de l'aspect tragique de sa capture par les Espagnols.
Il est également souvent considéré comme le XIIIe et dernier empereur inca annoncé par la prophétie faite à l'époque de Tupac Yupanqui.
Par ailleurs la capture de l'empereur Atahualpa à Cajamarca fut l'objet d'un poème de Pablo Neruda : Las Agonías.
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Les Rois de Vilcabamba
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Entre 1533 et 1572 une partie des fils de Huayna Capac se révolte contre les Espagnols et se réfugie dans la région de Vilcabamba. Leur pouvoir restera localisé aux alentours de ce centre de résistance. |
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Topa Hualpa 1533 - 1533
Topa Hualpa' (Toparpa), fut un empereur fantoche des Conquistadors durant la conquête du Pérou. Il était le cadet d'Atahualpa et Huascar. Après la mort d'Atahualpa, les Espagnols forcèrent le peuple inca à reconnaître Toparpa comme nouvel empereur. Il fut le jouet des Espagnols qui se servirent de lui pour asseoir leur domination sur le pays.
Après deux mois de règne, il mourut du choléra à Jauja en 1533.
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Diego de Almagro
Ollantaytambo
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Manco Inca 1533 - 1545
Manco Capac II, aussi appelé Manco Inca ou Manco II, est un fils de Huayna Capac et le demi-frère de Huascar et Atahualpa. Il appartient à la noblesse de Cuzco et fut donc du côté de Huascar pendant la guerre civile. C'est cette appartenance au clan cuzquénien qui pousse les Espagnols à choisir ce prince comme nouveau souverain du royaume après l'exécution d'Atahualpa. Manco Capac est couronné à Cuzco selon la coutume en présence des conquistadors et de la noblesse du royaume. Des temps apaisés semblent s'ouvrir même si les Espagnols entendent bien garder le contrôle du royaume.
Alors que Francisco Pizarro est occupé à fonder Lima et que Diego de Almagro est parti à la recherche d'un royaume riche à conquérir dans le sud du continent (1535-1536), les frères de Pizarro sont restés à Cuzco. Ces derniers humilient ouvertement le jeune Manco Capac et éveillent ainsi un sentiment de révolte au sein de la noblesse du Cuzco. De même, les déprédations quotidiennes des Espagnols ulcèrent la population.
À partir de 1536, Manco Capac, profitant de divisions entre les Espagnols et de leur petit nombre à Cuzco, organise secrètement la première rébellion contre les envahisseurs espagnols à travers tout le pays.
Manco rencontre un peuple d'insoumis les Anti. Les Anti accueillent Manco et sa suite. Les Anti enseignent aux hommes de Manco à harceler les caravanes et les troupes espagnoles en guettant les ennemis du haut des arbres, fondant sur l'ennemi et disparaissant dans la forêt. Les Anti sont alliés avec Gonzalo Pizarro1.
En peu de temps, Manco Capac, qui a quitté Cuzco sous un prétexte religieux, revient à la tête d'une armée parfaitement équipée dont on estime le nombre à environ 30 000 guerriers. Il campe dans la ville fortifiée d'Ollantaytambo d'où il va diriger le siège de Cuzco. Lorsque les Espagnols aperçoivent les troupes de Manco Capac aux abords de Cuzco, c'est une surprise totale : ils n'avaient rien décelé des préparatifs. À leur tour, des groupes de guerriers en armes provenant de toutes les provinces se joignent à l'armée qui déjà encercle la ville. Plus de cinquante mille guerriers assiègent Cuzco. Ce siège sanglant, qui dura huit mois, faillit aboutir à une victoire : les renforts envoyés de Lima sont écrasés par les tribus amérindiennes qui ont appris à connaître leurs ennemis. Les Espagnols traqués dans tout le pays sont poursuivis jusqu'à Lima. Mais l'armée amérindienne, épuisée par un manque de préparation, se voit obligé de rompre le siège de Cuzco et de se replier.
En souhaitant mettre fin aux hostilités, Manco Inca voulait en fait proposer une alliance à Francisco Pizarro pour récupérer le prestige et l'autorité perdue par le camp de l'Inca Huascar, mais en l'absence du conquistador, le pouvoir était détenu par son frère Hernando Pizarro qui avait succédé à son frère Juan Pizarro, tué justement lors du siège de la ville.
De fait, Manco Inca fut capturé et emprisonné pour actes de rébellion, mais il réussit à s'enfuir en achetant sa liberté, en offrant une statue d'or massif de taille réelle. En fuyant vers Vilcabamba pour y trouver refuge, il suivit la route de Chichero et traversa Ollantaytambo, où il fut rejoint par une troupe de cavaliers espagnols. Un violent combat s'engage, et Manco Inca écrase ses ennemis.
À Vilcabamba, Manco Inca rendit la liberté à ses troupes, puis se réfugia dans les profondeurs de la jungle pour continuer sa lutte et organiser la résistance quechua. Il rétablit les rites incas et organise une nouvelle cour. Le règne des Incas se poursuit donc dans la province de Vilcabamba. Manco initie ainsi une résistance inca qui allait durer jusqu'en 1572 avec la capture et l'exécution de Tupac Amaru.
Après la fin de la guerre de résistance, la domination militaire des conquistadors espagnols s'amplifie au Pérou. Mais finalement, Manco Inca ne sera pas vaincu par les Espagnols : il est assassiné en 1545 par un conquistador, le fils de Diego de Almagro qui lui tendit un piège par trahison, en se faisant passer pour un ennemi des Espagnols qui cherchait refuge avec quelques partisans ; accueilli par Manco Inca, ils attendirent la première occasion pour en finir définitivement avec lui en l'assassinant.
Après sa mort, son fils Sayri Tupac lui succéda à Vilcabamba.
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Sayri Tupac 1545 - 1560
Sayri Túpac est un inca quechua, fils de Manco Inca, mais qui n'avait pas l'esprit de lutte de son père. Il succéda à ce dernier en 1545 après son assassinat à la suite d'une trahison.
Convaincu par un de ses proches qui était fidèle aux intérêts des conquérants, il choisit de se subordonner à la couronne d'Espagne, lors d'un voyage à Lima. En contrepartie, il obtint certains privilèges et des terres s'étendant sur les districts actuels de Yucay, d'Urubamba, de Maras et de Chicheros.
Il se fit construire un palais en brique de pierres séchées à Yucay.
Il mourut en 1560, peut-être empoisonné par des quechuas qui résistaient encore aux conquistadors.
Après sa mort, son frère Titu Kusi Yupanqui lui succéda.
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Titu Kusi Yupanqui 1560 - 1571
Titu Kusi Yupanqui monta sur le trône en 1560, après la mort de son frère Sayri Tupac, peut être empoisonné par les quechuas résistants face aux envahisseurs conquistadors. Dès son installation à Vilcabamba, il reconnut les comités politiques et religieux de Cusco afin d'arriver à un accord avec l'autorité vice-royale espagnole. En 1568 il accepta d'être baptisé chrétien, mais mourut d'une étrange maladie en 1571.
Son jeune frère, Tupac Amaru lui succéda.
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Túpac Amaru 1545 - 1572
Dernier inca quechua de la dynastie de Manco Inca.
Il succède à son frère Titu Kusi Yupanqui, mort d'une étrange maladie. Il est le fils de Manco Inca. Son nom signifie « serpent brillant » en quechua.
Bien que jeune et inexpérimenté, il est un ennemi implacable des conquistadors. D'un esprit rebelle, en opposition au caractère faible de son frère, les Espagnols décident sa capture et envoient une troupe de près de 300 soldats dirigés par Martin Hurtado de Arbieto et Martin Garcia Oñaz de Loyola. Ils arrivent à Vilcabamba, mais l'Inca s'est enfui dans la jungle avec sa famille. Il y mène une guérilla longue et féroce contre les Espagnols. Finalement ces derniers le capturent avec ses partisans et l’emmènent à Cuzco.
Il est par la suite condamné à mort sous l'autorité du vice-roi Francisco de Toledo et exécuté à Cuzco le 24 septembre 1572, avec sa femme, ses enfants et ses principaux partisans.
Il s'ensuivit l'extermination de sa postérité jusqu'au quatrième degré.
Sa nièce, Beatriz Coya, héritière du Marquis de la Oropesa, épouse Martin Garcia Oñaz de Loyola.
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Répartition de la population
Après avoir formé pendant des siècles une puissance locale, quoiqu'en expansion régulière, les Incas rêvèrent d'un plus grand royaume. Ils allaient conquérir 780 000 km² en quelques générations. Vers 1400, ayant soumis leurs voisins, les rois incas mènent leurs premières conquêtes en dehors de la région de Cuzco. Vers 1470, poussant vers la côte, les Incas défont l'Empire chimu et emmènent avec eux de nombreux artisans de la puissance vaincue. Vers 1500, se tournant vers le sud, les Incas s'emparent d'un vaste territoire s'étendant jusqu'aux limites de la Patagonie. Vers 1532, lors d'une offensive finale le long des pentes orientales des Andes, les Incas pénètrent plus avant à l'intérieur du bassin de l'Amazone.
Organisation politique et administrative
Le Sapa Inca, chef suprême de l'empire, est avant tout un guerrier, et c'est un rapport très personnel qui le lie aux chefs locaux des tribus conquises. Ces relations sont souvent à établir à nouveau lors de chaque succession, ce qui amène parfois des guerres de reconquête.
Ces liens ont une importance capitale dans la gestion des provinces côtières : au contraire des provinces andines, les Incas n'y créent en effet ni villes ni administration. Ces provinces en sont par ailleurs souvent déjà pourvues par héritage des civilisations précédentes. Les Incas se contentent de gouverner à distance en maintenant les élites local.
Dans les Andes, par contre, les Incas créent de véritables capitales provinciales. Si les liens personnels entre les chefs locaux et le Sapa Inca restent importants, une administration impériale est établie en parallèle. À la tête de ces provinces sont nommés des gouverneurs de provinces (tukriquq) représentant l'empereur localement. Ces gouverneurs sont entourés de fonctionnaires kipukamayoq qui procèdent au recensement de la population à l'aide des kipus. Le recensement revêt en effet un rôle particulièrement important dans un État où les seuls tributs versés le sont sous forme de corvées.
Classes sociales
La hiérarchie dans l'empire inca reprend l'organisation traditionnelle des communautés andines. L'Inca est à la fois chef de son clan et souverain de tout l'empire. L'organisation communautaire est à la base de la structure de l'empire. Dans de nombreux cas, l'Inca conquérant veille à ne pas bousculer l'organisation traditionnelle des populations à assimiler et laisse en place les autorités traditionnelles et leur confie des instructeurs du clan inca pour les informer des lois de l'empire et les instruire dans la religion officielle. Ces autorités locales étaient donc encadrées et rendaient comptes à des supérieurs hiérarchiques qui tous étaient membres du clan Inca.
D'une manière générale, il existait trois classes : la classe laborieuse constituée des paysans et artisans, la classe de gouvernance locale et, au sommet, la classe dirigeante de souche inca qui tenait les rênes de l'empire. Cette classe dirigeante était organisée comme un clan ordinaire dont les membres étaient appelés aux plus hautes fonctions au sein de l'empire, qu'elles soient religieuses, militaires ou administratives.
Cette société était donc fondée sur un système de castes et on ne pouvait que très difficilement et exceptionnellement changer de rang. Un individu de la classe laborieuse pouvait accéder à la classe dirigeante à la suite d'un exploit militaire ou grâce à quelque autre mérite. Il arrivait, dans un but politique, que des dirigeants coopératifs de peuples vaincus obtiennent des postes à responsabilités, souvent celui de Kurakas.
Le groupe social de base est formé par la famille constituée des parents et des enfants célibataires. L'homme travaille aux champs, et pratique éventuellement de l'artisanat, tandis que la femme s'occupe de la cuisine et de l'entretien de la maison. L'entraide entre familles est très fréquente, notamment au moment des récoltes. Les personnes invalides sont généralement soutenues par l'ensemble de la communauté.
Les peuples des Andes sont répartis dans de nombreux villages situés sur des hauteurs. L'ensemble des familles, la plupart du temps liées par le sang, qui habitent un village forme un ayllu. Un chef (kuraka) dirige l'ayllu répartit les travaux collectifs et les terres. L'ayllu possède en effet des terres agricoles, distribuées par lots, ainsi que des pâturages, d'accès collectif.
Ayllu
Les ayllus sont organisés en chefferies, regroupant plusieurs ayllus sous la domination de l'un d'entre eux. Les ayllus dépendants doivent verser un tribut de corvées à l'ayllu dominant. En échange, ce dernier doit maintenir des réserves pour pallier les mauvaises récoltes et subvenir à l'entretien des pauvres. Des chefferies forment à leur tour des groupes sous la domination de l'une d'entre elles. L'empire inca s'inscrit dans le même schéma, l'empereur étant le chef du groupe de chefferies constitutif de l'empire.
Les conquêtes se faisaient soit pacifiquement, et alors les souverains conquis conservaient un certain pouvoir, soit par armes, et le peuple vaincu était en partie déplacé dans une région solidement acquise aux Incas et qui lui était souvent totalement étrangère. Des peuples soumis de longue date à l'empire venaient alors repeupler leurs terres. Ces déplacements de population furent très importants, notamment sous Tupa Yupanki et Huana Kapac.
La vie des Incas est rythmée par quatre étapes principales. La première s'effectue vers deux ans : on fête le passage du bébé au statut d'enfant en effectuant la cérémonie de la première coupe de cheveux, que l'on garde ensuite précieusement.
La deuxième constitue le passage de l'enfance à l'âge adulte, vers 14 ou 15 ans. Pour les garçons, le rite de passage qui y est associé est appelé warachikuy, la "mise du pagne", et comporte un jeûne et une série d'épreuves physiques. À cette occasion, on leur perce les oreilles pour y insérer les boucles propres à l'ethnie inca, on leur remet un pagne et on leur donne un nouveau nom. Le rituel féminin, le k'ikuchikuy, "première menstruation", est plus simple et comportait également une phase de jeûne.
La troisième étape est celle du mariage, entre 20 et 25 ans pour les hommes et 16 à 20 ans pour les femmes. Le couple s'établit dans une nouvelle maison et bénéficie alors de tous les droits et devoirs. Parmi ces obligations se trouvent notamment celle de participer aux corvées collectives.
Enfin, lors de la mort, les défunts sont placés dans des tours funéraires ou des abris rocheux plus simples. Ils sont parés de leurs plus beaux atours et de leurs outils du quotidien afin d'assurer leur subsistance dans l'au-delà.
Dans la plupart des cas, les Incas conservent les structures d'habitation des territoires conquis.
Dans les terres hautes, ils construisent des capitales provinciales, mais la plupart des habitants habitent des villages de quelques centaines d'habitants. Chaque foyer y possède une cour bordée d'un muret en pierre dans laquelle se trouve un ou plusieurs bâtiments circulaires de 3 à 6 m de diamètre. Parmi ces bâtiments, il peut y avoir une cuisine, des chambres, des entrepôts... Les murs sont de pierre non taillée ou d'adobe, et les toits de chaume.
Sur la côte, les maisons populaires sont en roseau et celles de l'aristocratie en pisé.
Le bois étant rare, tant dans la montagne que sur la côte, les Incas n'ont pas de mobilier. La vaisselle est posée à même le sol et on mange par terre.
Alimentation
Feuille de coca
Les paysans incas, comme leurs descendants péruviens actuels, prennent deux repas par jour (vers 8h et 16 ou 17h) et une légère collation vers midi. Il est la grande majorité du temps végétarien et composé de plantes et légumes bouillis dans une marmite. La viande, du lama ou de l'alpaca séché ou du cochon d'Inde rôti, est réservée aux jours de fêtes. Néanmoins, sur la côte, les poissons sont très consommés.
Le légume de base est la pomme de terre, qui peut être conservée pendant plus de cinq ans grâce à un processus de conservation complexe (qui comprend notamment l'exposition au gel et l'écrasement). Le maïs est également l'un des aliments de base, mais en plus grande quantité sur la côte que dans les Andes. Il est souvent utilisé pour produire de la bière légèrement alcoolisée.
Enfin, ils mastiquent des feuilles de coca pour ses vertus médicinales et son effet « coupe-faim »
Vêtements
Les paysans incas portent tous des vêtements assez semblables. Il s'agit, pour les hommes, d'un pagne et d'une tunique sans manches auxquels on ajoute une cape lorsque les conditions climatiques ou cérémonielles l'exigent.
Les femmes, elles, portent une robe et une cape. Leur robe est constituée d'un simple morceau de tissu rectangulaire, enroulé autour d'elles et maintenu par une ceinture et deux fibules circulaires au niveau des épaules. La cape est elle accrochée via une épingle ou un nœud sur le devant. Leurs cheveux sont ceints d'un bandeau et elles portent généralement un voile léger pour s'abriter du soleil.
Les vêtements sont généralement noirs ou marron dans les hautes terres où ils sont faits de laine, et blancs sur la côte où le coton est principalement utilisé. Ils sont la plupart du temps faits d'une seule pièce, et non pas composés de différents morceaux cousus entre eux.
Les vêtements étant assez comparables partout dans les Andes, les différences sociales s'expriment principalement au niveau de la qualité du tissu employé pour leur confection. Mais la coiffure masculine est également un autre moyen de différenciation : l'élite porte des cheveux très longs, alors que le peuple se rase court.
Les deux sexes portent aux pieds des sandales ou des mocassins. Ils arborent également des bijoux : les hommes portent notamment des ornements d'oreille cylindriques qui leur déforment les lobes, d'où leur surnom d'orejones ("oreillards") que leur donnent les Espagnols. Les femmes elles portent plutôt des colliers et des fibules.
Jeux et divertissements
Le quotidien des paysans incas ne comporte que peu de divertissements, hormis ceux liés au travail en commun et aux cérémonies –– ces deux derniers cas sont en effet des occasions de fêtes. Le travail en commun s'effectue en chantant et est généralement accompagné d'un bon repas et de bière de maïs. De grandes battues sont organisées par le Sapa Inca tous les quatre ans; elles sont également l'occasion de festoyer et de consommer de la viande. Les cérémonies en l'honneur d'une divinité ou d'un haut personnage sont elles l'occasion de danser et de jouer de la musique.
Peu de jeux incas sont parvenus jusqu'à nous, mais la plupart des chroniqueurs rapportent l'existence d'un jeu de dé, la pichqa ("cinq" en quechua). Le dé pyramidal à cinq faces utilisé dans ce jeu servait aussi comme instrument de divination
Religion
La colonisation espagnole et l'évangélisation catholique ont rapidement fait décliner les religions des Incas. Si certaines formes subsistent aujourd'hui notamment sous forme d'animisme, la plupart des informations que l'on possède à ce propos sont issues de témoignages indirects, plus ou moins biaisés. On possède par ailleurs très peu d'informations sur le système religieux en-dehors des Andes, les populations ayant rapidement décliné avant même l'évangélisation.
En plus de la volonté d'imposer une religion d'état, l'héritage des civilisations précédentes et une longue histoire d'échanges et d'influence permettent aux populations andines une certaine unité religieuse. Certaines divinités sont ainsi communes à différents peuples, mais portent des noms différents.
Culte des ancêtres
Les ancêtres décédés occupent une place particulière dans les religions andines. Le fondateur d'un lignage est ainsi révéré, notamment pour avoir donné à son ayllu des terres. Ces fondateurs sont souvent semi-légendaires, ayant accompli des actes surnaturels et n'ayant pas de géniteurs humains. C'est ainsi le cas pour ceux de la tribu inca.
Les corps des défunts sont conservés, non pas embaumés mais laissés à se dessécher au vent sec des montagnes. Des offrandes leur sont offertes et elles sont promenées lors des cérémonies.
Culte des Huacas
Si les Incas imposent le culte du Soleil, ils interdisent rarement l'exercice des croyances animistes préexistantes. Ainsi la plupart des peuples de l'empire, ainsi que les Incas eux-mêmes, accordent une grande importance à des fétiches (huacas). En Quechua, le terme huaca peut désigner tout ce qui sort de l'ordinaire ; par extension, il désigne tout ce qui est susceptible de faire l'objet d'un culte dans le contexte animiste. Les huacas peuvent ainsi être des objets naturels (comme une montagne ou un rocher) ou artificiels (comme un bâtiment) auxquels on prête une puissance surnaturelle. Il existe des huacas partout sur le territoire inca, et on estime à plus de cinq cents leur nombre à Cuzco et ses environs. Ils reçoivent de nombreuses offrandes et on cherche à communiquer avec eux pour obtenir de l'aide ou des conseils
Huacas au pied du temple de la lune
Culte du Soleil et des astres
Dans les Andes, de nombreuses communautés se réclamaient originaires ou descendantes de tel lieu sacré, de telle étoile ou de tel animal. Les empereurs, descendants directs de Manco Capac, sont appelés Sapa Inca (littéralement "inca unique"; ou encore Intip churin: "fils du soleil", titre adopté par le neuvième empereur Pachacutec). Ils sont vénérés comme des demi-dieux fils du soleil (Inti ou Tahuantinsuyu en quechua). Pour leurs contemporains, les victoires militaires et la politique éclairée des souverains incas semblent confirmer cette origine merveilleuse. Les Incas imposent donc le culte du soleil comme culte officiel dans l'empire, mais l'idole solaire côtoie la myriade de divinités adorées dans l'empire. Il ne s'agit pas pour autant d'un culte monothéiste mais plutôt d'un animisme d'État.
Pour instituer le culte, les Incas bâtissent des temples dédiés principalement au soleil. Le plus célèbre de tous est le Coricancha (enclos d'or en quechua), le temple du Soleil de Cuzco
temple du soleil à Cuzco
Adoration d'autres divinités
Parallèlement au culte du soleil, les Incas reconnaissaient et adoraient plusieurs autres divinités. Le plus important d'entre eux est Viracocha, un dieu agricole responsable notamment de l'aménagement du sol – les techniques d'irrigations revêtant une importance particulière pour les peuples andinsItier. Le lien entre Viracocha et Inti, le soleil, n'est pas clairement établi. La subordination de l'un à l'autre est floue et dans certaines légendes ils semblent même interchangeables. Après Viracocha, les Incas révéraient également l'Éclair, Inti Illapa le dieu du ciel, du tonnerre et de la foudre.
Dieu solaire Viracocha et Inti Illapa
L'Empire inca se composant d'une mosaïque de peuples qui n'ont pas forcément été détruits ou réduits en esclavage, certains cultes locaux ont pu perdurer sans pour autant que le peuple originaire de Cuzco ne les adopte. Le culte de Pachacamac en est un exemple : c'est un dieu de la côte centrale du Pérou dont les origines sont incertaines, mais dont le culte était en tout cas antérieur à celui de Viracocha. Le plus grand temple connu consacré à ce dieu s'appelle lui-même Pachacamac et remonte à l'époque de la culture Lima. Le culte serait probablement apparu entre l'an 300 et l'an 600. C'est cependant avec la culture Ishmay, civilisation locale qui se situait entre les fleuves Rimac et Lurin (1000-1450 ap. J.-C.), que le site de Pachacamac connaît son apogée.
site archéologique de Pachacamac
Dieu Pachacamac
Divination
La divination tenait une place prépondérante dans la civilisation inca. Avant chaque action d'importance, on faisait appel à celle-ci et rien d'important ne pouvait être entrepris sans avoir auparavant consulté les auspices. La divination était utilisée aussi bien pour prédire le déroulement des batailles que pour punir un crime.
Il existait plusieurs méthodes de divination : on pouvait observer des araignées se déplacer ou analyser la disposition que les feuilles de coca prennent sur une assiette plate. Des prophéties pouvaient être aussi faites à partir de l'étude des entrailles d'animaux sacrifiés, et notamment les poumons de lamas.
Les prêtres vivaient dans tous les temples et autres sanctuaires religieux importants. Ils remplissaient les fonctions de devins, sorciers, et médecins. Le titre de prêtre en chef à Cuzco était Villac Umu. Marié, il était souvent un proche parent de l'Inca et son autorité était en concurrence avec ce dernier.
Les « femmes choisies », appelées aclla (« vestales » ou pour les Espagnols « vierges du Soleil »), forment une institution à part entière. Choisies dès leur plus jeune âge, elles suivent une éducation particulière. Elles peuvent ensuite être choisies par le Sapa Inca comme concubines, ou données à de hauts fonctionnaires, ou même sacrifiées. Elles préparent les aliments cérémoniels et confectionnent des vêtements portés par l'Inca et les prêtres.
Les sacrifices et offrandes étaient quotidiens, dédiés aux dieux ou aux huacas.
À chaque occasion importante, on offrait un sacrifice. L'animal le plus utilisé était un lama, le choix des animaux sacrifiés étant soumis à des règles précises sur la couleur de la fourrure.
Les sacrifices humains ne se faisaient que lors de périodes de grands troubles, lorsque l'Inca était malade ou mort, par exemple, ou lors de catastrophes naturelles. L'objectif était alors d'apaiser le ou les dieux.
Les personnes, hommes, femmes ou enfants offerts en sacrifice devaient être en bonne condition physique et de parfaite constitution. Avant le sacrifice, le sacrifié buvait de la chicha (un alcool) pour atténuer la perception de ses sens. Dans de nombreux cas, il était ensuite enterré vivant. Pour l'honorer, les prêtres conduisaient des cérémonies qui l'accompagnaient tandis que son esprit quittait la terre. Parmi les jeunes filles choisies dans chaque province pour être femmes choisies, une partie était destinée à être sacrifiée.
C'est ce type de rite qui fut par exemple utilisé pour calmer les dieux, lors d'une éruption volcanique à Arequipa il y a plus de 500 ans : une jeune fille de douze ou treize ans, surnommée Juanita par les archéologues l'ayant retrouvée, fut sacrifiée au sommet du volcan Ampato. Elle appartenait à la haute noblesse de Cuzco comme en témoigne la richesse de ses parures. Un cortège cérémonial partit de Cuzco pour rejoindre Arequipa dans le seul but de ce sacrifice. Préservés par la glace, la jeune fille et les objets qui l'accompagnaient furent retrouvés presque intacts en 1995 et reposent désormais au musée Santuarios Andinos d'Arequipa.
Le même genre de rites est attesté dans d'autres sociétés précolombiennes, mais ne peut être comparé aux sacrifices de masse aztèques.
Inti Raymi
Inti Raymi, la fête du soleil (en langue quechua : Inti–Soleil et Raymi–fête ou cérémonie), est à l’origine, une cérémonie religieuse inca en l’honneur de l'Inti, père soleil. Il marque le solstice d'hiver dans les pays andins de l’hémisphère Sud. Le centre de la cérémonie est la forteresse de Sacsayhuamán (à deux km de la ville de Cusco), le 24 juin de chaque année.
Il existait en réalité deux fêtes du soleil, le wawa inti raymi (fête du Soleil enfant) au solstice d'hiver, et le capaq inti raymi (fête du grand Soleil) au solstice d'été. La célébration la plus importante est celle du soleil naissant, on y célèbre la renaissance du Soleil pour un nouveau cycle, le début de l'année Inca.
inti raymi à Cusco (image actuelle)
À l'époque des Incas, l'Inti Raymi était la plus importante des quatre fêtes qui se tenaient à Cusco, capitale de l’empire. Elle indiquait le début de l'année ainsi que l'origine mythique de l'Inca et durait 9 jours durant lesquels avaient lieu danses et sacrifices. Le dernier Inti Raymi en la présence de l'empereur Inca s’est tenu en 1535. Il a été par la suite interdit en 1572 par le vice-roi Francisco de Toledo étant considéré comme une cérémonie païenne contraire à la foi catholique, mais a cependant continué à être célébré clandestinement. En 1944, une reconstitution historique de l'Inti Raymi est organisée à l'initiative de Faustino Espinoza, sur la base des chroniques de Garcilaso de la Vega, lesquelles se référent aux seuls aspects religieux de la cérémonie. Depuis cette date, la cérémonie annuelle est à nouveau un événement public et de grand attrait touristique dans la ville de Cusco. La fête est également célébrée dans toutes les communautés Quechuas et Aymara, des pays andins et plus récemment par les communautés latino-américaines installées en Amérique du Nord et en Europe, pour qui elle représente une occasion de rassemblement et d'affirmation culturelle.
À l'époque des Incas, la cérémonie se tenait sur la place Aucaypata, aujourd'hui place d'armes de Cusco, avec la présence de la totalité de la population de la ville, que l’on peut estimer à quelque cent mille personnes. Naturellement, avec l'arrivée des Espagnols, elle a été supprimée. Le 24 juin, solstice d'hiver (dans l'hémisphère austral), la distance entre la terre et le soleil est la plus importante. À l’époque des Incas, cette date revêtait une importance fondamentale, étant le point de départ de la nouvelle année, associée aux origines mythiques du peuple Inca lui-même. Garcilaso de la Vega rapporte qu’il s’agissait de la principale festivité de l’empire et qu’y participaient tous les caciques, nobles vassaux, de tout l'empire avec les meilleurs costumes et inventions. La préparation en était stricte, puisque durant trois jours, ils ne mangeaient qu'un peu de maïs blanc, cru, et un peu d'herbes qu'ils appellent chúcam et de l’eau simple. De tout ce temps ils n'allumaient pas de feu dans toute la ville et s'abstenaient de dormir avec leurs femmes. Pour la cérémonie elle-même, les vierges du Soleil préparaient des galettes de maïs. Le jour venu, le souverain et ses parents, pieds nus, attendaient sur la place l’apparition du Soleil en position accroupie, les bras ouverts et en envoyant des baisers à l'air, ils recevaient l'astre roi. Alors l’Inca offrait la chicha dans deux gobelets en or, dans celui de gauche buvaient ses parents, celui de droite était retourné et son contenu versé dans une timbale d'or. Ensuite tous se rendaient au Temple du Soleil à Coricancha pour l’y adorer. Les caciques déposaient les offrandes apportées de leurs terres et ensuite le cortège retournait à la place, où l'on effectuait un sacrifice massif de bétail devant le feu nouveau allumé grâce au bracelet d’or du prêtre suprême utilisé comme miroir. La viande des animaux sacrifiés était ensuite distribuée entre toutes les personnes présentes, ainsi qu'une grande quantité de chicha, avec laquelle les fêtes continuaient durant les jours suivants.
Le nouvel Inti Raymi
Aujourd'hui, Inti Raymi revêt bien entendu un caractère différent. Le spectacle s’adresse tant aux touristes qu’aux habitants de Cusco, pour lesquels il représente un point de référence de leur conscience locale et appartenance culturelle. Pour ces raisons il attire enthousiasme et participation massive. La représentation dans laquelle interviennent des milliers de personnes, commence face au Coricancha, où l'Inca effectue une invocation au Soleil. Les spectateurs, entre-temps, attendent sur l'esplanade de Sacsayhuamán, vers laquelle le cortège se déplace immédiatement. L'Inca est ensuite porté sur sa litière par des groupes qui représentent les habitants des quatre nations. On procède ensuite au sacrifice d'un alpaca et l'Inca invoque son père le Soleil. Les participants prennent leur rôle très au sérieux et le spectacle est une débauche de couleur, de musique et de danses. Avec plus de soixante années d'existence, le nouvel Inti Raymi fait maintenant partie intégrante de la vie de Cusco. Non seulement c'est l'évènement central de la ville, mais sa renommée a dépassé les frontières péruviennes et a été un exemple pour d'autres festivals d'identité nationale comme le Sóndor Raymi qui se met en place dans la ville de Andahuaylas. Malgré cela, la presse de la capitale péruvienne n'accorde pas à l'événement la place qu'il mérite.
Décès de l'inca
Pour escorter l'Inca dans son voyage dans l'autre monde, deux de ses femmes, un serviteur et un guerrier étaient sacrifiés le jour de sa mort. Prétendument volontaires, ils étaient choisis dès leur plus jeune âge et enterrés vivants. Le corps de l'Inca, embaumé, était placé face au temple du soleil à Cuzco. Les obsèques duraient une année, pendant laquelle la population revêtait les insignes de l'Inca et chantait ses louanges, de façon continue le premier mois, puis tous les quinze jours, à chaque pleine et nouvelle lune
Temples du soleil
En signe d'allégeance ou de véritable vénération, les peuples soumis par les Incas bâtissent dans leurs provinces de nombreux lieux de culte au soleil. Certains sont encore visibles de nos jours et témoignent de l'extension géographique du culte. Au Pérou se trouvent ainsi le temple de Coricancha à Cuzco, le temple Vilcashuaman et celui de Huascarán. En Bolivie, un temple du Soleil avait aussi été érigé sur l'Isla del Sol du lac Titicaca. À Caranqui, Équateur, se trouve un temple qui autrefois contenait des jarres pleines d'or et d'argent.
Coricancha
Le temple du Soleil de Cuzco, Coricancha, était le principal temple de l'empire. S'il était d'abord dédié au soleil, il servait aussi de lieu de culte à d'autres entités divines comme Mama Quilla, la Lune, et Illapa, divinité de la foudre, de l'éclair et du tonnerre.
Santo Domingo de Cuzco construite sur les ruine du temple de Coricancha
Véritable saint des saints de l'empire, ce temple n'a pas subsisté aux ravages de la conquête. Il n'en reste aujourd'hui que quelques descriptions ainsi que quelques murs témoins de la splendeur de l'ouvrage. Il fut construit avec des pierres de taille s'ajustant parfaitement les unes dans les autres, sans ciment. Sa circonférence faisait plus de 365 mètres. À l'intérieur du temple trônait, entre autres trésors, un disque d'or représentant le Soleil ainsi qu'une représentation du panthéon Inca. Il s'y trouvait également un jardin sacré où tous les éléments de la nature étaient représentés sous la forme de statuettes entièrement en or, métal symbolique du soleil.
Politique économique impériale
L'économie est fondée sur la gestion de la main-d'œuvre, sur l'échange d'énergie humaine, sur une sorte de collectivité du travail et nullement sur des échanges de biens ou sur une possession collective des biens. La richesse était liée non pas à la possession des biens mais à l'accès à la main-d'œuvre pour la production de la communauté. Le pauvre étant celui qui possède peu de liens de parenté.
Au sommet de l'organisation économique se trouve l'Inca qui se repose sur les organisations ethniques et leur économie de redistribution mais en gérant un système de redistribution à un niveau supérieur.
Corvées et mobilisation de la main d'œuvre
Le kuraka, le chef de l'ayllu, était chargé de la répartition des terres, qui se faisait sur un modèle de parts, entre chaque membre du village apte à travailler.
- Les travaux agricoles étaient divisés en trois temps :
- la part de l'Inca et de la famille royale;
- celle de chaque détenteur de lopin de terre, pour subvenir aux besoins de sa famille;
- celle qui appartenait au village, afin de subvenir aux besoins des plus démunis. Un système d'entraide entre les familles était très développé. En plus des terres collectives, il existait des réserves qui permettaient de pallier le manque en cas de famine, ou quand venait une délégation de l'Inca.
Un autre devoir de chaque membre de la communauté consistait à s'occuper des travaux collectifs (comme l'entretien des canaux d'irrigation). Ce système connaissait cependant des faiblesses : les kurakas abusaient parfois du système, s'enrichissaient et constituaient une nouvelle classe dont les privilèges étaient transmis par héritage.
Réciprocité et redistribution
Il y avait une redistribution au niveau local autour du groupe ethnique mais aussi une redistribution bien plus vaste, au niveau de l'empire. L'Inca s'en chargeait à partir des réserves. Pour opérer ce travail, on faisait appel à des mitas (transporteurs). L'empire organisait donc aussi la mita.
La répartition des terres ethniques semblait liée à la redistribution, puisque chaque année, elle faisait l'objet d'un pacte ou d'une négociation. Grâce aux principes de la redistribution et de l'échange d'énergie humaine, les Incas purent entreprendre de nombreuses constructions, créer des greniers supplémentaires, un réseau de routes, des centres administratifs...
Agriculture
Environ 200 variétés de pommes de terre furent cultivées par les Incas et leurs prédécesseurs
De nombreuses variétés de maïs étaient connues des Incas
À cette époque, l'agriculture était essentiellement une agriculture de montagne. La pomme de terre « inventée » au Pérou et de nombreux autres tubercules étaient les aliments de base. Ces végétaux sont sensibles et, les récoltes ne pouvant être garanties, des techniques de conservation étaient développées pour faire face à d'éventuelles années difficiles. Le quinoa, une graine (et non une céréale), est plus facile à cultiver, il pousse jusqu'à 4 000 m d'altitude. Une autre culture était répandue : celle du maïs. Bien que très apprécié, les conditions particulières pour sa culture limitaient sa production et le maïs se trouvait souvent réservé aux offrandes ou réservé pour les fêtes. Pour développer cette culture, de nombreuses terrasses (les fameuses andenes) furent construites dont certaines perdurent jusqu'à nos jours. Les Incas installèrent des réseaux d'irrigation comprenant canaux et aqueducs.
mode de culture en terrasses "andenes"
D'autres plantes étaient cultivées selon les régions : tomates, arachides, haricots, piments, ananas, cacao, etc. ainsi que la coca, très importante pour le peuple inca puisqu'elle était utilisée dans toutes les cérémonies.
Architecture et sculpture
Les Incas étaient d'excellents architectes. Leurs constructions sont imposantes et ingénieuses, souvent orientées à des fins utilitaires. Le nombre de bâtiments et autres constructions réalisés est vraiment élevé. La forme trapézoïdale souvent donnée aux portes et fenêtres des temples permet à l'édifice de résister beaucoup mieux aux tremblements de terre, très fréquents dans ces régions. En s'installant à Cuzco, les espagnols ont d'ailleurs repris comme fondation de leurs bâtiments les restes des temples incas. Lors des nombreux séismes, les constructions ou fondations incas tenaient généralement mieux que les constructions espagnoles.
Mur inca à Cuzco
Les Incas utilisaient divers styles architecturaux, mais le plus connu est sans conteste celui utilisé par exemple pour le temple du Soleil de Cuzco ainsi que beaucoup d'autres bâtiments d'importance : le matériau principal était la pierre mais ils n'utilisaient pas de mortier pour les joindre entre elles. De grandes pierres polygonales étaient alors utilisées, s'emboîtant parfaitement les unes dans les autres sans laisser le moindre espace vide. On peut voir encore de nos jours de nombreux exemples de cet art architectural, parmi lesquels Sacsayhuamán la forteresse de Cuzco, ou encore les impressionnantes ruines d'Ollantaytambo.
Écriture
Exemple de quipu
Alors que l'empire inca était très structuré et bureaucratisé, l'écriture n'y a apparemment pas existé.
En revanche, un système de quipus a été mis en place. Les quipus sont des messages codés sous la forme de nœuds de différentes sortes sur des fils de laine, coton ou autre matériau et de différentes couleurs. Ces quipus servaient aux statistiques de l'État : recensement très précis (nombre d'habitants par âge et par sexe), nombre d'animaux, état des stocks, tributs payés et dus des différents peuples, enregistrement de l'ensemble des entrées et sorties de marchandises des entrepôts de l'État, etc. Seuls les administrateurs connaissaient la clé des quipus : c'étaient les quipucamayocs. Ce système de quipus était aussi utilisé par les dirigeants des provinces pour transmettre les nouvelles importantes à l'Inca.
Il semblerait que les quipus aient aussi servi à notifier les grandes dates de l'Histoire et à consigner certains récits ou secrets religieux mais ceux-ci restent indéchiffrables de nos jours contrairement à certains quipus de statistiques.
Les récentes découvertes de Ruth Shady sur le site de Caral ont démontré que les quipus étaient connus par les civilisations précolombiennes il y a près de 4 500 ans.
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