les Kichwa Otavalo
Les Otavalos sont l'un des peuples indigènes d'Équateur, appartenant à la nationalité Kichwa (du groupe Quechua). Héritiers d'une histoire commençant avant même l'invasion de l'actuel Équateur par les Incas, ils se caractérisent en particulier par leur langue, le kichwa, variante du quechua, qu'ils partagent avec les autres peuples indigènes de la sierra équatorienne, ainsi que par leur longue tradition d'artisanat textile et d'échange commercial, reflétée aujourd'hui par l'important et très touristique marché de la ville d'Otavalo, mais que l'on peut retracer jusqu'à la période préhispanique. Cette particularité a permis au peuple otavalo de bénéficier, en particulier à partir des années 1980, d'une relative prospérité économique non seulement par rapport aux autres peuples indigènes du pays mais également par rapport aux blancs et aux métis d'Otavalo, ce qui représente une inversion de la hiérarchie coloniale et post-coloniale. Malgré cet essor des activités liées à l'artisanat, au commerce et au tourisme, de nombreux indigènes otavalos ont gardé une activité basée essentiellement sur l'agriculture de subsistance, dont les principaux produits sont le maïs, le haricot et la pomme de terre. Lors du recensement national de 2010, quelque 65 000 Équatoriens se définissaient comme Otavalos, résidant pour la plupart dans la province d'Imbabura, au nord du pays.
Avant et pendant la domination inca
À la fin de l'époque préhispanique, l'ethnie otavalo aurait contrôlé un espace plus vaste que celui qu'elle occupe actuellement, empiétant en particulier sur les forêts humides du piémont occidental des Andes, dont les zones de Salinas, dans l'actuel canton d'Otavalo, et Intag, dans la partie basse du canton de Cotacachi. Le cœur du territoire otavalo est toutefois situé dans la sierra, au voisinage de l'emplacement actuel d'Otavalo.
L'accès à des zones de climat tropical leur permettait de disposer de ressources rares, dont le sel, le coton, la coca, et des coquillages. Les Otavalos, par leur position sur un franchissement relativement facile d'est en ouest de la cordillère des Andes (par la vallée du rio Mira), entretenaient des relations commerciales intenses à la fois avec les peuples du piémont occidental et ceux du piémont oriental (Amazonie). Le principal centre de pouvoir politique et religieux des Otavalos se serait situé non loin de la ville actuelle d'Otavalo.
Les Otavalos sont occupés militairement par l'empire inca à partir de la fin du XVe siècle, après une guerre d'une dizaine d'année. Après l'échec de la stratégie habituelle de conquête pacifique des Incas (via l'établissement d'ambassades et les alliances), un foyer de résistance à l'invasion inca s'établit sur le territoire otavalo, à tel point que les régions situées plus au nord, peuplées par l'ethnie pasto, auraient été soumises avant celles des Otavalos. L'occupation des terres des Otavalos par les Incas se fait au terme d'une guerre menée par Huayna Capac, qui dure une dizaine d'années, marquée par des attaques des Incas contre Caranque (Ibarra) et des contre-attaques des Otavalos contre des forteresses incas. Entre 1500 et 1505, au terme de cette guerre, un massacre des adultes otavalos aurait eu lieu près de la lagune Yahuarcocha (Ibarra), qui en tire son nom (« lac de sang », en quechua). À la suite de ce massacre, les jeunes survivants sont surnommés Wambrakuna (enfants), et de nombreux d'entre eux sont enrôlés dans la garde personnelle de l'Inca.
Pendant la période relativement brève que dure l'occupation inca (jusqu'à la conquête espagnole vers 1535), les Otavalos auraient conservé une certaine autonomie. L'envoi de mitimaes y aurait été peu important, et le seul noyau de population inca aurait été Caranqui, sur l'emplacement actuel d'Ibarra, qui est la plus septentrionale des villes importantes de l'empire inca. Les Incas auraient également maintenu deux garnisons, à la frontière nord et à la frontière sud du territoire. La présence des mitimaes aurait été très faible, se limitant à quelques dizaines. On peut donc dire que la région d'Otavalo a été peu incaïsée, ce qui se reflète également dans la toponymie : de nombreux lieux ont conservé un nom provenant de la langue cara, tandis que seuls les lieux les plus importants ont reçu un nom quechua. Pour ces lieux, les plus fondamentaux pour la culture otavalo, on ignore aujourd'hui leur nom en langue cara (l'Imbabura, le Cotacachi, le lac San Pablo par exemple). Les Incas auraient toutefois imposé un nouveau style vestimentaire aux habitants de la région et exigé un tribut, probablement sous forme textile.
La conquête par les Espagnols
À l'arrivée des Espagnols, vers 1535, le cacique d'Otavalo, Otavalango, vassal et allié des incas, est à la tête d'un territoire limité au nord par la rivière Mira (frontière avec l'ethnie pasto, près des actuelles sources chaudes de La Paz (Carchi)), au sud par la rivière Guayllabamba et une forteresse située à El Quinche, qui pendant la période inca séparait la région d'Otavalo de la région de Quito. Cette zone était divisée en quatre caciquats(chefferie) : Otavalo, Caranqui (Ibarra), Cayambe et Cochasquí (actuel site arquéologique située entre Quito et Otavalo). Ces quatre caciquats présentent une forte homogénéité culturelle
La conquête se fait à partir de 1534, quelques années après la guerre sanglante entre Atahualpa et Huascar. Les coutumes et langages pré-incaïques sont encore très implantés, mais les Espagnols continuent d'imposer le quechua comme lingua franca pour leurs communications avec les indigènes (c'est ce qui fait que le quechua, aujourd'hui appelé kichwa en Équateur, est parlé du nord du Chili jusqu'à l'Équateur et de la Colombie). La région d'Otavalo est affaiblie et dépeuplée, à la suite de l'enchaînement en trois décennies de la guerre de conquête par l'empire inca, de la guerre civile au sein de l'empire inca et enfin de la conquête espagnole, précédée par l'arrivée d'épidémies en provenance de vieux continent, dont la variole et la peste, auxquelles les populations autochtones payent un lourd tribut. Ces épidémies se poursuivent durant la majeure partie du XVIe siècle. Au milieu du XVIe siècle, les Espagnols prennent donc possession sans résistance de terres vidées de ceux qui les cultivées par les guerres et les épidémies. Ils adoptent par ailleurs le système de tribut mis en place par les Incas, et mettent en place le système des encomiendas, qui contraint tous les indigènes à travailler une partie de leur temps dans les haciendas, ce qui modifie profondément les systèmes agricoles, économiques et commerciaux de l'époque préhispanique (les indigènes concernés par le système de l'encomienda sont connus sous le nom de mitayos)
voilà quelques images de l'artisant des Kichwa Otavalo
Date de dernière mise à jour : 05/07/2021
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