les Aymaras
les Aymaras
Les Aymaras (parfois sans pluriel ou parfois orthographié Aimara) désigne le peuple appelé également peuple Qolla, Kolla ou Colla, originaire de la région du lac Titicaca au croisement de la Bolivie, du Pérou, de l'Argentine et du Chili.
Comme pour la plupart des peuples amérindiens, il n'y a pas ou peu de documents relatant l'histoire du peuple aymara. Quelques bribes nous sont parvenues au travers des chroniques qui relatent l'époque de la conquête ainsi que quelques récits précolombiens. On sait cependant de façon certaine que le peuple aymara n'était pas le premier à peupler la région du Titicaca et l'altiplano, on se pose donc la question de l'origine de ce peuple. Il y a aujourd'hui plusieurs théories, notamment la théorie localiste qui voudrait que la répartition actuelle de la langue aymara s'explique par l'essor de quelques communautés des abords du lac en direction de l'altiplano. Une autre théorie situe l'origine du peuple aymara dans les Andes centrales du Pérou, entre Huarochirí, Yauyos, Cañete et Nazca. Ces régions, actuellement de langue quechua, faisaient autrefois partie de l'aire aymaraphone. Une troisième théorie situe l'origine du côté de la côte du Pacifique au nord du Chili.
Le peuple aymara arrive sur les pourtours du lac Titicaca deux siècles avant notre ère, il concurrence alors les peuplades Uros qu'il repousse vers les rives moins fertiles du lac et les remplace peu à peu dans la région. Développant une culture originale et basant son économie sur le développement de l'agriculture et de l'élevage ainsi que le commerce avec les peuples alentour, le peuple prospère sur les rives bien abritées du lac. S'ensuit une période d'expansion, on retrouve de nombreuses traces archéologiques en direction sud-est du lac principalement. C'est en passant à un stade impérial (contrairement à ce qui est parfois dit, Tiwanaku, dont le déclin se situe vers l'an 700, est antérieur à la domination aymara) que la culture commence à se répandre dans la Cordillère des Andes : on la retrouve sur tout l'altiplano, sur la côte, depuis Arica, au Chili, jusqu'à Lima, au Pérou et au sud-est, jusqu'en Argentine. Atteignant son apogée vers l'an 900 de notre ère, la domination impériale aymara va décliner pour laisser place à plusieurs royaumes et chefferies de langue et culture aymara. Ce sont ces chefferies prospères mais rivales que rencontrent les Incas lors de leur expansion vers le sud. Parmi celles-ci, on connaît les royaumes rivaux Lupaqas et Pacajes situés sur la rive sud-ouest du lac. On ne sait pas exactement si les Aymaras se sont intégrés pacifiquement à l'empire, comme le décrit Inca Garcilaso de la Vega, ou s'ils ont livré bataille à l'Inca. L'ensemble des peuples de langue aymara sont progressivement intégrés au Qollasuyu, le quart sud de l'empire Inca. Après la conquête et la chute du régime Inca, le peuple aymara passe sous domination de la couronne d'Espagne. Cette période sera parsemée de révoltes paysannes causées par les difficiles conditions de vie des communautés. Au début du xixe siècle, les Aymaras participent aux combats pour l'indépendance de la Bolivie, mais leurs conditions de vie ne seront pas améliorées sous le pouvoir des républiques.
Les Aymaras se concentrent surtout en Bolivie, mais l'on en trouve aussi dans le sud du Pérou (région de Puno), sur la côte chilienne (Arica) et dans les provinces du nord de l'Argentine (Salta, Jujuy, Catamarca). Leur nombre s'élève à deux ou trois millions environ et, depuis plus d'un siècle, malgré une forte mortalité infantile, leur indice démographique demeure croissant. Au fil du temps, leurs critères d'identification n'ont cessé de varier. Les Incas distinguaient nettement les Collas autochtones (ou Collasuyus), de langue aymara, occupant le quart sud de l'Empire incaïque, des colonies étrangères, généralement de langue quechua, qu'ils implantèrent surtout dans les terres basses de cette partie des Andes. Lors de la colonisation espagnole, l'étiquette ethnique n'eut de sens que par rapport à des critères d'imposition. Les Aymaras payaient un tribut plus élevé. Peuplée à 80 % d’indiens aymara, El Alto est la «capitale» de cette minorité ethnique précolombienne dont est originaire Evo Morales, l’homme à la coupe au bol et au sourire enjôleur qui a été porté au pouvoir par les urnes en 2005, puis réélu deux fois de suite.
Depuis, la Bolivie, qui reste l’un des pays les plus pauvres du monde, a nettement progressé : croissance annuelle de 3,5 % en moyenne, taux de pauvreté en recul de plus de vingt points par rapport à 2005 et chômage désormais en dessous des 4 % (d’après les estimations de la banque mondiale et du FMI). Alors que les autres pays d’Amérique du sud, eux, s’enfonçaient dans la crise. Le fonds monétaire international a salué à plusieurs reprises la bonne et saine gestion de ce petit Etat enclavé de dix millions de personnes dirigé par un socialiste. Evo, comme on l’appelle couramment, préfère d’ailleurs qu’on parle de lui comme d’un «président syndicaliste» plutôt que du «premier président indien de la planète», ainsi que l’a baptisé la presse internationale. ce sont néanmoins ses «frères» qui ont le plus profité du changement radical de gouvernance. Citoyens de seconde zone depuis la conquête espagnole du XVIe siècle, méprisés, opprimés, humiliés durant près d’un demi-millénaire, les indiens de Bolivie relèvent enfin la tête. Et cela se voit. Premier concepteur de ces édifices baroques et tape-à-l’œil qui se multiplient depuis sept à huit ans à El Alto, Freddy Mamani, un ancien maçon, dit qu’ils sont le symbole de la «confiance retrouvée» des Aymara. C’est la deuxième «nation» indigène par le nombre, juste après les Quechua, qui sont, eux, surtout installés dans le sud bolivien.
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Date de dernière mise à jour : 28/09/2022
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